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tudes, ainsi que les appétits de ce gibier, achèvent d’en déterminer Tes pratiques.

De là sont venues les chasses au fusil, à l’affût et aux réverbères celles à la glu, aux hameçons, aux collets ou lacets, qu’on appelle aussi à la glanée, lorsque le piège est appâté de blé cuit ; aux collets à ressort ou aux pinces, et enfin aux filets. Dans plusieurs de ces chasses, il est utile, et même nécessaire, d’être aidé d’appelants ou canards vivans, dont la voix serve à amener aux pièges les passagers : ces appelants, pour rendre un bon service, doivent être de race sauvage, pris jeunes et élevés parmi ceux de basse-cour. Lorsqu’on a pu se procurer des petits de cette espèce, on les rend sédentaires, en leur brûlant le bout des ailes, quand elles commencent à se former, ce qui a lieu environ à l’âge de trois mois. À défaut de canards sauvages pour servir d’appelants, on peut employer des canards domestiques dressés à ce manège.

Chasses au fusil. Les manières diverses de chasser les canards au fusil ne sont, à proprement parler, qu’un affût continuel, mais dont le moment, la durée, les préparatifs, enfin les accessoires, varient à l’infini, selon les moyens du chasseur et la nature des lieux qu’il fréquente. Il est pour cela des méthodes particulières à certaines régions et à certaines localités ; il en est de plus générales et applicables à peu près à toutes les circonstances.

Lorsque, dans l’intérieur d’un pays, il ne se rencontre que des étangs de médiocre étendue, et de petites rivières, lieux qui n’attirent guères que le canard sauvage proprement dit, on peut, en se promenant aux heures et aux saisons propices, au bord des eaux, espérer d’y rencontrer ce gibier, et lui faire une chasse fructueuse. Si l’on a découvert, en été, une couvée d’halbrans qui déjà commence à voler et fréquente quel qu’eau dormante, il faut, dès le grand matin, en battre les bords, où l’on est sûr de les rencontrer barbotant parmi les herbes ; on les y retrouve aussi volontiers vers l’heure de midi ; ils se laissent approcher d’assez près pour les tirer très-commodément. Quelques auteurs de traités de chasse conseillent néanmoins de se servir, en cette circonstance, de la vache artificielle, (Voyez ce mot) précaution utile, si l’on veut, mais qui, dans ce cas, ne paroit pas d’une absolue nécessité. Quand on peut parcourir en bateau l’étang fréquenté des halbrans, il est facile, à toute heure du jour, de les y poursuivre et de les faire lever du milieu des grandes herbes qui les cachent, et où ils reviennent sans cesse après avoir fait une tournée vers les champs. Leur destruction devient plus facile encore, si on a eu le bonheur de tuer la mère, car alors, une cane domestique, qu’on attache par la patte au bord de l’eau, réunit autour d’elle, en canetant, toute la couvée devenue orpheline ; si alors on ne veut pas se servir du fusil, on peut placer autour de la cane des hameçons appâtés comme il convient, et où les petits se prendront tous. (Voyez, plus bas, la chasse aux hameçons.)

Dans les commencemens de l’automne, et lors de l’arrivée des canards voyageurs, les étangs et marécages redeviennent, pendant le jour, leurs retraites habituelles ; ils s’y tiennent à l’abri des joncs et autres herbes aquatiques : c’est alors que, si plusieurs chasseurs se réunissent, les uns peuvent se tenir sur les bords, les autres les parcourir, ou même avancer dans l’eau à l’aide d’un batelet, s’il est possible, et forcer, avec des bâtons ou des pierres, le gibier à se lever des lieux présumés sa retraite. Il est bon de remarquer qu’il n’est pas besoin de précipiter son coup de fusil sur le canard qui par, nattendu qu’il ne s’éloigne pas, en s’enlevant, comme un gibier qui file droit. C’est une règle établie parmi les