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l’état de repos des plantes, c’est-à-dire celui où les fanes sont desséchées, et où ils ne végètent point.

Pour écailleuter les ognons, il ne faut pas se servir d’instrumens de métal, mais simplement des doigts, qui, pour l’ordinaire, suffisent à cette opération. S’il en étoit besoin pour quelques espèces de crinum, de pancratium, d’amaryllis, et autres gros ognons, on se sert d’un couteau de bois dur, ou d’ivoire. En général, on ne sépare des ognons que les cayeux bien formés qui ont le corps charnu, sur lequel reposent les tuniques concentriques qui forment la jeune bulbe, et lorsqu’il a des racines particulières.

Il est un très-grand nombre de liliacées qui ne se multiplient dans nos climats que par les cayeux, et beaucoup d’autres qui se propagent plus promptement par cette voie que par les graines. Le temps le plus convenable à la séparation des cayeux des ognons-mères, c’est quelques jours auparavant celui de la plantation. Il est quelques cultivateurs qui écailleutent leurs bulbes, lorsqu’ils les lèvent de terre. Mais souvent ces cayeux sont très-adhérens ; on ne peut les séparer qu’avec effort ; et, pendant le temps qu’ils sont dans les cases, ils tirent encore de leurs mères les alimens nécessaires au parachèvement de leur organisation ; ainsi, il est plus sûr et plus profitable de les laisser sur leurs ognons jusqu’au moment de la plantation.

Ces cayeux se plantent moins éloignés et moins profondément que les ognons qui leur ont donné naissance ; mais leur culture est entièrement la même, puisque ce sont des parties des mêmes espèces.


CENDRES. Les cendres sont le résultat de la combustion, à l’air libre, des substances végétales et animales qui se trouvent converties en une poussière d’un gris blanchâtre, et d’une apparence terreuse. Outre les différences que présentent les matières animales dans leur nature intime, la difficulté qu’on éprouve à les réduire en cendres, et à les priver des matières huileuses et extractives qu’elles contiennent, sont des caractères très remarquables qui serviront toujours à les faire reconnoître.

On sait que, par un grand feu longtemps soutenu, les cendres et les os peuvent éprouver une sorte de fusion qui les rapproche de l’état du verre.

Beccher, à qui la chimie a de grandes obligations, et qui paroît avoir deviné quelques uns des beaux résultats de la chimie moderne, parle de cette fusion d’une manière extrêmement précise, en disant : Homo est yitram, et in vitrum redigi potest sicut et omnia animalia. Dans un autre passage, en décrivant le caractère inaltérable que conservent les cendres, suivant les classes qui les ont fournies, il se plaint très-amèrement de ce que l’usage ne peut pas permettre à ses amis de convertir ses os en cette substance diaphane, que la plus longue suite des siècles ne sauroit altérer. Il est bien étonnant qu’on n’ait pas encore profité de cette heureuse indication, pour perpétuer les traits d’une mère, d’une épouse chérie, en transformant leurs dépouilles froides et inanimées en une image vivante et indestructible. Les cendres de tous les animaux sont composées d’une grande quantité de phosphate de chaux, de phosphate de soude, des carbonates de soude, de chaux, de magnésie, de sulfate de chaux, et des oxides de fer et de manganèse : elles ne sont d’aucune utilité.

Les substances végétales sont répandues en si grande abondance sur la surface de la terre, qu’on les exploite avec beaucoup d’avantage, pour en retirer les cendres et les alcalis dont on a besoin pour les arts et les usages économiques.