Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/42

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Chacun d’eux, en raison de sa situation géographique, de sa position au nord ou au midi des montagnes dont il est environné, de sa pente plus ou moins rapide, plus ou moins inclinée, en raison de son sol, de la nature de son terrain, et sur-tout de son exposition à certains rumbs de vent, chacun d’eux, dis-je, a des propriétés très-différentes. Quelques unes sont connues, mais il en est un très-grand nombre qui ne sont que soupçonnées, et d’autres entièrement ignorées. La somme des expériences qui ont été faites pour parvenir à ces connoissances est fort petite, et la plupart d’entr’elles n’ont point été publiées. C’est cependant à ce grand et beau travail qu’est attaché le perfectionnement de l’agriculture française. Il est du devoir des administrateurs dans les départemens de l’entreprendre, et de le conduire à sa fin.

Telle est la série des connoissances qui nous semblent devoir servir de base fondamentale à l’étude raisonnée de l’économie rurale considérée en grand, et de l’agriculture en particulier ; tels sont les moyens qui nous paroissent les plus propres à en hâter les progrès dans toutes ses branches. Mais, nous ne craignons pas de le dire, toutes ces connoissances seroient insuffisantes pour l’exercice de cet art, si l’on n’y joignoit la pratique qui en est le complément. Si la théorie peut remplacer, jusqu’à un certain point, la pratique, elle ne peut jamais la suppléer, et, s’il falloit faire un choix entre ces deux genres de connoissances, il n’est pas douteux qu’on ne dût préférer le dernier.

En se laissant conduire par la routine, on seroit sûr au moins d’obtenir des résultats utiles, tandis qu’en ne suivant uniquement que la théorie pour guide, on fait des expériences qui ne donnent souvent, et pendant long-temps, que le regret de les avoir tentées.