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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/430

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Il y en a qui se reconnoissent seulement par une dureté ronde, enfoncée, que le tact distingue, en passant la main sur l’épine, les côtes, le ventre ; ou bien encore, il n’y a point de dureté, mais un simple enfoncement résultant de la détérioration des chairs à l’endroit où il y a crépitation.

On voit des charbons disparoître d’une partie, sur-tout des extrémités, pour se montrer dans une autre. Quand le charbon règne, on observe aussi qu’il se déclare souvent aux endroits où les animaux viennent d’éprouver quelques blessures qui, par cette raison, peuvent devenir funestes, si ce lieu est impropre au développement d’une tumeur, et surrtout si le sujet a éprouvé depuis quelque temps une indisposition maladive.

Outre les symptômes locaux que nous venons de décrire, il existe aussi, pendant la durée de la maladie, des phénomènes qui marquent ses progrès : les urines sont rares ou supprimées, l’animal est constipé, les extrémités, les oreilles, les cornes, la peau sont froides ; il survient un frisson, suivi de la chaleur de toutes les parties de la surface ; l’éruption des tumeurs paroît quelquefois soulager l’animal ; autrement les yeux sont ardens, deviennent hagards, le pouls s’accélère au point de devenir trois ou quatre fois plus vite que dans l’état de santé ; (Voyez Pouls) puis il devient lent et intermittent ; les forces diminuent et s’anéantissent, les yeux sont mourans et annoncent un affaissement général ; mais, quelque temps après, les forces se raniment pour un instant, l’animal éprouve des convulsions ; quelques chevaux entrent dans une agitation extrême, mordent la terre, l’ange, et périssent, comme dans des accès de rage, vingts quatre ou trente-six heures après l’invasion.

La mort n’est quelquefois pas aussi prompte, sur-tout dans le charbon blanc ; il en est qui mangent comme de coutume ; les flancs du cheval se creusent ; le bœuf ne rumine plus ; (Voyez Rumination) si on lui comprime l’épine aux lombes avec les doigts, il y témoigne une douleur qui le fait fléchir presque jusqu’à terre, ses flancs, se soulèvent par mémorisation ; la foiblesse, l’abattement se déclarent, la bête ne mange plus, elle exhale une odeur infecte, pousse des cris plaintifs, lâche des excrémens noirs et fétides : d’autres périssent sans gonflement, ni diarrhée, au bout du huitième, du douzième, ou du vingtième jour.

À l’ouverture du cadavre, ou trouve encore des désordres intérieurs divers : ce sont des taches ou points gangréneux sur le médiastin, ou sur le poumon, sur le cœur, le diaphragme, le foie, le pancréas, l’estomac, les intestins, les reins, la matrice, la vessie, etc. ; des tuméfactions noires et gangréneuses dans l’épaisseur du mésentère, dans les glandes mésentériques, dans la graisse qui enveloppe les reins, entre le péritoine et les muscles abdominaux ; des épanchemens de sang ou de sérosité dans la poitrine, dans la matrice, dans le bas-ventre. On a vu les nerfs lombaires noirs et charbonnés dans l’épizootie des bêtes à cornes, en 1797 ; les viscères sont infiltrés et en décomposition ; les cadavres, au moment de la mort, exhalent une odeur infecte.

Le charbon intérieur est aussi nommé fièvre charbonneuse. La mort des animaux qui en sont affectés n’est, le plus souvent, annoncée par aucuns symptômes ; il en est cependant en qui la maladie dure une heure ou deux : l’animal paroît d’abord étourdi, égaré ; il lève et baisse la tête, se secoue, se tourmente, se plaint, mugit ou hennit fréquemment ; les yeux sortent pour, ainsi dire de l’orbite, il chancèle, tombe, et meurt dans des convulsions violentes. Les victimes