Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/451

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siccité des matières sur lesquelles la combustion s’exerce, et avec la température à laquelle elles sont élevées. Quand le bois est sec, il s’allume facilement, donne beaucoup de s’allume et peu de fumée ; quand il est vert, une partie du calorifique est employée à vaporiser l’eau qu’il contient, et, dans tous les cas, la fumée est composée d’eau en vapeurs, d’acide acéteux, d’huile empyreumatique, de gaz acide carbonique, et de gaz hydrogène carbonné. Les causes qui font fumer sont si nombreuses, qu’il étoit souvent très-difficile de faire un choix dans le grand nombre de préceptes publiés sur cette partie, et que beaucoup de personnes, mécontentes des moyens qu’elles avoient employés, préfèroient souffrir tous les inconvéniens de la fumée, que de s’abandonner encore à des essais coûteux et incertains. Aussi devons-nous avoir les plus grandes obligations au comte de Rumford, qui, par une construction simple et facile à exécuter, a résolu le problème d’une manière extrêmement heureuse, en augmentant la chaleur, et en nous préservant de la fumée. Les principales causes qui la déterminent sont : 1o. L’action des vents ;

2o. Le défaut d’air ;

3o. La position des cheminées ;

4o. La mauvaise construction des cheminées ;

5o. La pluie, la neige, la grêle ;

6o. L’action du soleil ;

7o. La nature des bois, leur état.

1o. Suivant leur intensité et leur direction, les vents agissent d’une manière plus ou moins active sur les ouvertures des cheminées, dans lesquelles ils entrent d’autant plus facilement, qu’ils y trouvent moins de résistance, par la dilatation que l’air y a éprouvée, et que la fumée ayant perdu une grande portion de son calorique, n’a plus que bien peu de force pour s’opposer à leur action.

2o. Tout Ce que nous trouvons dans les ouvrages des caminologistes, sur le défaut d’air, est absolument faux, et ne peut point s’appliquer à la fumée, qui s’élève d’autant plus promptement dans le tuyau, qu’il s’est développé plus de calorique pendant sa formation. Il ne peut y avoir de combustion, sans qu’un des principes de l’air, l’oxigène, n’abandonne son état gazeux pour se combiner avec le corps combustible, dont la température s’élève en raison du principe comburant absorbé.

Si la pièce, dans laquelle un grand feu est allumé, ne fournit pas assez d’air pour alimenter la combustion, soit parce qu’elle en contient trop peu, soit parce que les croisées et les portes trop bien fermées n’en peuvent pas laisser échapper, alors la fumée cesse de s’élever dans le tuyau, et le feu même peut s’éteindre.

Léonard de Vinci, qui s’est placé au premier rang parmi les hommes qui, de son temps, se sont occupés des sciences physiques, a parlé, dans ses Essais, d’une manière si positive de l’action de l’air, que nous croyons utile de rappeler ici ses expressions : « Le feu détruit sans cesse l’air qui le nourrit, il se feroit du vide, si d’autre air n’accouroit pas pour le remplacer. Lorsque l’air n’est pas dans un état propre à recevoir la flamme, il n’y peut vivre ni flamme, ni aucun animal terrestre ou aérien. Il se fait de la fumée au centre d’une bougie, parce que l’air qui entre dans la composition de la flamme ne peut pas y pénétrer jusqu’au milieu. Il s’arrête à la surface de la flamme et se transforme en elle ; il laisse un espace vide qui est rempli successivement par d’autre air. » Que de faits furent ainsi perdus pour les sciences, à ces diverses époques, où un asservissement religieux aux principes enseignés dans les écoles, faisoit rejeter avec mépris, tout ce qui sembloit nous conduire aux grandes vérités de la nature !

3o. La proximité des portes, des montagnes, des grands édifices, influe d’une