Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/458

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expressions de tirage, qui, comme il le dit lui-même, conduisent à des idées fausses. La fumée s’élève dans le tuyau, parce qu’elle est plus légère que l’air dans lequel elle se trouve ; elle s’élève plus ou moins promptement, selon qu’elle est plus ou moins chaude, et elle doit continuer à s’élever, tant que des causes perturbatrices ne la forcent pas à suivre un autre chemin, ou ne lui enlèvent pas le principe qui cause son excès de légèreté. Parmi les expériences fort ingénieuses que M. de Rumford cite à l’appui de son opinion, nous nous contenterons de rappeler celle de l’eau chaude colorée, s’élevant au milieu de l’eau froide. « Si l’on plonge, par exemple, dans une jarre de terre profonde, remplie d’eau froide, une bouteille ouverte, pleine d’eau chaude, teinte avec du bois de Fernambouc, ou toute autre drogue colorante, on verra distinctement l’eau chaude colorée s’élever en colonne au milieu de l’eau froide. Dira-t-on qu’elle est tirée de bas en haut ? c’est cependant l’expression que l’on emploie souvent en parlant des cheminées : on dit qu’elles tirent bien, ou qu’elles tirent mal. L’eau froide de la jarre, à raison de son excès de pesanteur spécifique, force l’eau chaude raréfiée, et par conséquent plus légère, à lui faire place, et à s’élever : c’est là l’image de l’air froid de l’atmosphère, et de la colonne de fumée chaude qui s’élève au dessus d’un combustible allumé. S’il falloit toujours une cheminée pour tirer la fumée en haut, comment arrive-il que la fumée s’élève en plein air ? Il n’y a pas là de cheminées. » Les cheminées fument souvent, parce que les portes et les fenêtres, trop bien fermées, ne peuvent pas fournir au foyer tout l’air qui est nécessaire pour alimenter la combustion. Un des moyens les plus simples de s’en procurer, est de pratiquer, dans l’épaisseur du plancher, un tuyau communiquant avec l’air du dehors, et avec le devant de la cheminée. Les cônes, les pyramides tronquées que l’on place sur les cheminées trop basses ou adossées remplissent assez bien le but qu’on se propose ; mais quoique les causes qui font fumer soient extrêmement nombreuses et variées, la construction de M. de Rumford dispense toujours d’employer d’autres moyens.

Nous allons examiner, d’une manière succincte l’emploi de la chaleur produite par le feu, la manière dont elle agit sur les corps avec lesquels elle est en contact, suivant leurs propriétés plus ou moins conductrices, et la meilleure disposition à donner au foyer, pour en faire sortir toute celle qui est mise en liberté. Toute la chaleur dégagée pendant la combustion se trouve divisée en deux parties très-distinctes, l’une qui s’unit momentanément à la fumée, pour la forcera s’élever, et l’autre qui est libre s’échappe dans toutes sortes de directions ; c’est celle-là qui doit nous intéresser.

Cette dernière partie est d’autant plus grande, que le feu est plus clair, ce qui doit faire donner la préférence au bois sec, et sur-tout au bois de hêtre qui produit toujours une belle flamme et dégage beaucoup plus de chaleur, ainsi que j’ai souvent eu les moyens, de m’en assurer, par son emploi comparatif, dans de très grands ateliers. L’usage de garnir les loyers de plaques de fonte étoit si généralement adopté, que beaucoup de particuliers n’ont jamais voulu consentir à les laisser supprimer. Tous les corps métalliques s’échauffent très-promptement, et les corps noirs absorbent entièrement la chaleur ; or ces deux propriétés, qui sont contraires au but que l’on se propose, se trouvent réunies dans les plaques de métal. Cette chaleur leur étant enlevée à chaque instant par la fumée et par l’air, elles en reprennent continuellement, et n’en laissent fibre qu’une très-petite partie. Les substances qui s’échauf-