Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/459

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fent difficilement, qui n’enlèvent que très-lentement la chaleur libre, et dont les surfaces la réfléchissent hors du foyer, sont celles qu’il faut employer de préférence, comme les tuiles, les briques et toutes les substances terreuses.

La meilleure disposition à donner au foyer est de l’avancer le plus qu’il sera possible, de faire l’ouverture large et haute, et de donner aux côtés de la cheminée une inclinaison telle, que, d’après la nature des matériaux, et leur couleur, ils puissent réfléchir dans la chambre toute la chaleur rayonnante lancée dans le foyer. M. de Rumford a trouvé qu’au lieu de disposer les côtés à angles droits 90°, comme AC et BD, Pl. VI, fig. 1, il falloit qu’ils formassent avec la plaque un angle de 135°, qui est un angle droit et demi. Par ce moyen, la plaque se trouve réduite au tiers de sa largeur, et la chaleur qui frappe les côtes devenus obliques est portée en avant. Pour entendre ce changement, il faut examiner les fig. 3 et 4.

La ligne d e de la fig. 5 est ce que l’on nomme la gorge d’une cheminée. La fig. 6 fait voir d’une manière très-exacte l’avancement du foyer, et le changement de la gorge qui est réduite à d i.

Cette largeur d i ne peut être arbitraire, et M. de Rumford, d’après ses nombreuses expériences, l’a fixée à quatre pouces pour les cheminées de trois pieds et demi à quatre pieds, et à cinq pouces pour les plus grandes. Il faut donner à la plaque ou mur du fond, toujours le tiers de la profondeur de la cheminée ; si elle dépassoit cette mesure de deux à trois pouces, on n’en feroit pas moins la construction ; mais, si la différence est plus considérable, il conviendra de la rétrécir. Quand l’ouverture du front sera trop étroite, la dépense devenant trop grande, il vaudra mieux donner aux côtés une moindre inclinaison.

Pour faciliter le passage du ramoneur, en élevant le petit mur du fond, et arrivé à dix ou onze pouces du manteau, on laissera un espace vide, en forme de porte, de dix à douze pouces de largeur sur douze à quatorze de hauteur ; il doit toujours être de trois à quatre pouces plus élevé que l’endroit où la gorge est perpendiculaire. Cette ouverture peut se fermer avec des briques, des lames de plâtre on une porte en tôle que l’on enlève facilement, lorsque l’on veut faire ramoner.

Les murs du fond et des côtés ne doivent pas avoir plus que la largeur d’une brique. Il faut avoir soin de lier la nouvelle construction à l’ancienne par des moellons, des plâtras, et sur-tout terminer dans leur partie supérieure les murs des côtés et du fond d’une manière horizontale, pour donner un libre passage à la fumée ; il faut avoir soin que la partie antérieure de la gorge soit dégagée d’aspérités, et parfaitement unie. Quant aux grilles destinées à contenir du charbon de terre, les meilleures dimensions pour des chambres de grandeur moyenne sont de six à sept pouces de large, sur une longueur de quinze à vingt pouces. On pratique dans le mur du fond une partie hémisphérique creuse, dans laquelle on place le charbon qui y est contenu par la grille. Comme la construction des cheminées à la Rumford est très-simple, nous allons en donner les détails ; chaque particulier pourra faire lui-même ce petit travail, ou le faire exécuter sous ses yeux.

La fig. 1 est le plan d’une ancienne cheminée AB ; son ouverture sur le devant AC et BD, sont les côtés ou montans, et CD le dos ou la plaque. Il est certain, d’après cette construction, que toute la chaleur qui tombera sur les faces AC et BD, restera en entier dans le foyer et sera emportée dans le tuyau. Voici actuellement comment il faut tracer le plan d’une cheminée à la Rumford : me-