Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/483

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d’un repos absolu à un travail excessif n’y contribue pas moins. (Voyez Cachexie.)

Quand des chevaux entiers ou des jumens d’une certaine beauté ont les pieds trop petits, encastelés, ou les talons serres, qu’ils sont pris des épaules, ou qu’ils les ont ce qu’on appelle chevillées, étant par-là incapables de tout travail, on croit en tirer un bon service en les consacrant à la reproduction de l’espèce, et on leur fait rapporter des poulains ; cependant ces conformations se transmettent aux productions, le plus souvent : mais il est vrai que les particuliers qui vendent leurs poulains dans le jeune âge n’en éprouvent pas les désagrémens ; ils sont réservés à ceux qui emploient les chevaux étant adultes, et entre les mains desquels le commerce a mis cette marchandise trompeuse. Ainsi, la raison qui fait mettre dans un haras les animaux affectés de ces sortes de claudications, est précisément celle qui devroit les en faire exclure. En un mot, la fréquence des claudications montre assez combien elles nuisent au service : elle fait aussi partie des preuves d’où nous conclurons souvent que le défaut de prévoyance et de lumières est singulièrement destructeur en ce qui concerne sur-tout les haras ; et quant à l’entretien des chevaux, que le régime auquel ils sont soumis chez nous est loin de les conserver dans leur intégrité. On voit par-là combien il nous manque pour perfectionner et conserver cette espèce précieuse. Cependant il est impossible de préserver jamais totalement es claudications. La sagesse humaine peut souvent se laisser surprendre ; et on voit des chevaux se donner un effort, même éprouver une fracture en très-beau chemin, par un faux appui que le conducteur confiant n’a point prévu, et auquel le cheval distrait s’est livré.

(Ch. et Fr.)


CLIQUETTE, (Pêche.) Les pêcheurs de la Seine donnent ce nom à un engin avec lequel ils prennent beaucoup de poissons. C’est une corde de six lignes de diamètre et de la largeur de la rivière, ou de toute autre pièce d’eau où l’on veut pêcher ; plus, vingt-quatre pieds, afin qu’elle dépasse les bords de douze pieds de chaque côté : cet excédant donne la facilité de traîner la corde et de la promener sur la surface de l’eau. Ou y attache des planchettes de deux pouces de large sur douze de long ; ce sont assez ordinairement des douves de tonneaux qui ont renfermé des fromages de Gruyères, d’abord parce que ces* tonneaux sont faits avec du bois blanc, ensuite, parce que l’odeur de fromage qu’ils conservent attire le poisson.

La corde ainsi garnie sert, pour ainsi dire, à traquer le poisson, en le faisant aller sur l’eau, soit en suivant le courant, soit en le remontant, et à le conduire dans les filets tendus à une grande distance. Les planchettes sont ajustées de manière qu’elles se touchent, et que, par le mouvement que leur impriment la résistance de l’eau et la marche de la corde, elles se choquent les unes contre les autres, et forment une sorte de cliquetis qui approche de celui de la crécelle. Ce bruit, aussi bien que l’agitation de l’eau, effraie les poissons, et les pousse dans les pièges qui leur sont préparés.

Au moment où j’écris cet article, (septembre 1804) une ordonnance défend, pour l’intérêt public et la propagation du poisson, l’usage de la cliquette ; c’est en effet un instrument destructeur, qui auroit avancé la ruine des rivières déjà si appauvries. (S.)


COCHON. Les ressources incalculables que cet animal offre, quand on sait mettre tout à profit pour son éducation, sembloient devoir mériter plus de développemens de la part de l’immortel