Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/482

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

état naturel. Alors les ressources de l’art se bornent à rendre leurs effets moins fâcheux. Nous allons exposer les causes de tous ces désordres, afin d’indiquer ce qu’il faudroit faire, pour prévenir ceux qui sont susceptibles d’être évités.

Causes des claudications très-graves ou incurables. De tous les animaux, le cheval est celui qui est le plus exposé aux claudications. Le travail qu’on lui fait faire avant l’âge, (Voyez Accroissement, Adulte) le service souvent forcé auquel il est soumis, l’ébranlement que les articulations éprouvent par des actions trop vives, trop prolongées ; la brutalité des conducteurs, l’ignorance des palefreniers, l’impéritie de grand nombre de maréchaux ferrants ; l’habitude où l’on est de tenir les chevaux de luxe dans deux alternatives funestes, qui sont d’être trop oisifs, ou trop fatigués ; la négligence des propriétaires qui croient qu’il ne faut ferrer les chevaux que quand les fers sont usés ou qu’ils ne tiennent plus (Voyez Abattre du pied : ) telles sont les causes qui occasionnent tous ces accidens ; leurs premiers effets sont de fatiguer le tendon, les ligamens latéraux capsulaires, et toutes les surfaces articulées ; de faire resserrer les talons, de produire la sécheresse de la corne. Leurs derniers résultats sont de rendre le pied douloureux à un point que l’art ne peut y remédier qu’en partie, qu’à force de soins, et qu’avec beaucoup de temps. Les chevaux dont l’allure la plus fréquente est le galop, ont encore pour cause de claudications l’habitude de galoper le plus souvent à droite. Dans cette allure, la jambe gauche de devant, et par suite, celle de derrière, se fatiguent beaucoup davantage parce que les deux jambes droites ne faisant qu’entamer le terrain, ce sont les deux jambes gauches qui supportent toute la masse ; et il ne faut pas croire que la différence de pression, de surcharge, soit peu considérable : elle est telle que le cheval use deux fers au bipède gauche, contre un au bipède opposé.

Il est de ces chevaux qui, ayant ainsi galopé long-temps à droite, ont le membre du montoir de devant légèrement plus court que celui du hors le montoir opposé. Il en résulte une légère irrégularité, dans la marche, qui n’échappe point au cavalier habitué à la justesse des quatre battues. Cette claudication n’est pas appercevable au trot en main, ni par d’autres indices.

On préviendroit ces claudications en faisant galoper le cheval autant à gauche qu’à droite ; mais la fureur de jouir se félicite des moyens de remplacer un cheval, plus que de la prudence à le conserver.

Il arrive des claudications à peu près du même genre aux chevaux de carrosse, que l’on place au timon, toujours le même sous la main, toujours le même hors la main. Le bipède latéral du dedans se fatigue plus que l’autre, la tête et le corps étant portés davantage sur ce côté. On en a redressé seulement en attelant l’un à la place de son camarade ; on devroit les changer de main habituellement.

Le tendon à l’endroit du boulet éprouve, sur-tout dans les chevaux longs joints, une extension forcée, à chaque temps de galop. On le soulage en bornant le jeu du paturon, au moyen d’une bosse de trois ou quatre lignes de hauteur, ajoutée à chaque éponge du fer. Une tête de clou un peu forte, rivée à chaque éponge, en arrière des dernières étampures du fer, suffit pour remplir quelquefois cet objet.

Les affections rhumatismales sont occasionnées par des écuries humides, peu aérées, qui servent de logement aux chevaux, sur-tout dans les grandes villes ; l’alternative brusque et fréquente