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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/503

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CONSTRUCTIONS RURALES. Par cette expression générale, on désigne indistinctement tous les bàtimens destinés à servir d’habitation aux habitans de la campagne, et de logement aux animaux nécessaires à la culture des terres : ainsi, des chaumières, des étables, des écuries, des bergeries, des métairies, des fermes, des vendangeoirs, des maisons de campagne, etc., sont des constructions rurales.

La disposition et la distribution de chacune d’elles sont soumises à des principes fixes, dont on ne peut pas s’écarter, sans inconvéniens.

Sous le rapport de leur construction, les bâtimens ruraux sont une dépendance de l’art de l’architecture ; mais, sous celui de leur disposition et de leur distribution, ils appartiennent à la science de l’économie rurale ; car, si l’architecture enseigne au propriétaire la manière de construire les bâtimens avec goût, solidité et économie, quelques matériaux qu’il ait à sa disposition, l’économie rurale peut seule lui prescrire l’orientement, les dimensions et la distribution qu’il convient de leur donner, pour leur procurer la salubrité et la commodité nécessaires aux besoins des êtres qui doivent les occuper.

Pour écrire d’une manière satisfaisante sur les constructions rurales, il faut donc réunir en soi l’art de l’architecture à celui de l’agriculture ; et c’est parce que ces différentes connoissances se rencontrent rarement dans le même individu, que nous ne pouvons encore citer, ni chez les anciens, ni chez les modernes, ni parmi nous, ni chez les étrangers, un bon ouvrage complet sur les constructions rurales.

Aussi ces constructions sont-elles, en général, très-négligées, et c’est avec raison qu’on regarde leur mauvaise disposition comme un obstacle réel à l’amélioration de l’agriculture. La Société d’Agriculture du département de la Seine est la première, en Europe, qui se soit occupée des moyens de le surmonter ; et, dès l’an 7, elle proposa deux prix pour les deux meilleurs Mémoires qui lui seroient envoyés sur l’art de perfectionner les constructions rurales. Ils ont été décernés en fructidor an 9, le premier à nous, et le second à M. Penchaud, architecte à Poitiers.

À notre imitation, le Bureau d’Agriculture de Londres engagea les architectes anglais à s’occuper des constructions rurales ; il en est résulté un grand nombre de Mémoires qu’il s’est empressé de réunir en un seul corps d’ouvrage, et que M. Lasteyrie a traduit en français, et publié sous le titre de Traité des Constructions rurales, etc. Paris, Buisson. An 10 (1802.) Un vol. in-8o. et atlas in-4o. Cet ouvrage présente quelques bons principes, mais d n’est point méthodique. Il offre d’ailleurs des distributions convenables seulement aux mœurs et aux besoins de l’agriculture anglaise, et surtout au luxe des riches propriétaires anglais. Enfin, l’Allemagne a aussi voulu donner son contingent en constructions rurales ; et, en 1802, il a paru à Leipsick un ouvrage in-folio, intitulé : Traité des bâtimens propres à loger les animaux qui sont nécessaires à l’économie rurale. Celui-ci est plus méthodique que le recueil anglais. Malheureusement il coûte fort cher, et les modèles, de constructions, que son auteur offre aux agriculteurs, sont déparés par un luxe trop considérable, pour pouvoir être adoptés par notre agriculture.

C’est dans ces différentes sources, et particulièrement dans notre Mémoire, que nous allons puiser pour remplir la tâche que nous nous sommes imposée.

Plan du travail. Il est divisé en deux parties, dont chacune est subdivisée en sections.

La première contient les principes gé-