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verger à côté, et même l’enclos des meules lui offrent pour eux un pâturage salutaire. Enfin, les écuries offriront le service le plus commode et le plus économique, si on pratique dans leurs planchers des trappes par lesquelles on fera descendre les fourrages directement dans les râteliers, sans avoir besoin de les jeter des greniers dans la cour, et de les porter ensuite dans les râteliers.

3°. Des étables. Notre ferme de six charrues exigera environ trente vaches, sans compter les élèves. Les étables destinées à leur logement sont orientées sur le même rumb de vent que les écuries, et sont cotées, dans la Planche VIII, des lettres o, o ; p est l’étable des élèves.

La construction de ces étables exige les mêmes précautions que les écuries : elles doivent être aussi saines et aussi commodes ; il ne doit y avoir entr’elles d’autre différence que celle qui existe dans le caractère et les habitudes des bestiaux qui doivent les occuper.

Les vaches sont beaucoup plus paisibles et beaucoup plus flegmatiques que les chevaux ; lorsqu’elles sont méchantes, elles attaquent avec leurs cornes, et si quelquefois elles donnent des ruades, c’est de côté. Il n’est donc pas nécessaire de donner à leur logement une largeur aussi considérable qu’à celui des chevaux.

Et, comme en économie rurale il faut toujours se restreindre au strict nécessaire, on peut ne donner aux étables simples que trois mètres et demi (dix pieds six pouces) à quatre mètres (douze pieds) de largeur, et six à sept mètres (dix-huit à vingt-deux pieds) aux étables doubles.

Quant à leur longueur, on la calculera à raison d’un mètre à un mètre un tiers (trois à quatre pieds) par bête à cornes que l’on aura à loger.

Les bœufs doivent être placés dans une étable séparée, ainsi que les veaux, dans les cantons où l’on est dans l’usage de ne jamais les faire téter.

Le plancher des étables peut aussi, sans inconvénient, être à une hauteur un peu moindre que celui des écuries ; mais le renouvellement de l’air doit y être aussi soigneusement établi, parce que la santé des bêtes à cornes dépend de cette précaution.

4°. Des bergeries. C’est au respectable d’Aubenton à qui l’on doit, en grande partie, le perfectionnement sensible que l’on voit en France dans le gouvernement des bêtes à laine : il a jugé avec raison que le meilleur régime dont les bêtes à laine soient susceptibles, est de les tenir constamment en plein air.

Nous dirons plus, c’est que tous les bestiaux sont dans le même cas ; l’auteur de la nature leur a donné à tous, ou une toison fourrée, ou une peau assez dure pour braver, sans aucun danger, les températures, pour ainsi dire, les plus opposées. Ainsi, leur gouvernement le plus naturel est celui qui les laisse constamment en plein air : leur santé doit y être meilleure, leur laitage plus succulent et même plus abondant, si les pâturages s’y trouvent à discrétion ; leur laine plus fine, leur fourrure plus garnie et plus solide, leur cuir plus consistant, et leurs élèves plus robustes, que lorsqu’on les tient renfermés dans des logemens clos.

Aussi, dans tous les cantons où le but principal de l’agriculture est l’éducation et l’engrais des bestiaux, les y laisse-t-on plus ou moins constamment dans les herbages ou dans les pâturages : on ne les rentre dans les logemens que pendant l’hiver ; et même dans les pays où il est facile de se procurer des engrais maritimes, on les laisse toute l’année en plein air.

Mais par-tout où la culture des céréales est le but principal de l’agriculture, comme dans les pays de grande culture, où les bestiaux qu’elle emploie sont uni-