Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/512

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quement consacrés à la culture des terres et à la fabrication des fumiers nécessaires à leur engrais, on ne peut point laisser ces bestiaux constamment en plein air, où ils ne feroient point de fumiers : on est donc obligé, pour se les procurer, de tenir les bestiaux dans des logemens, hors du temps de leur travail, ou de celui nécessaire pour leur faire prendre l’air ; et c’est pour que cette vie sédentaire, si opposée à celle qui leur a été assignée par l’auteur de toutes choses, ne nuise pas à leur santé, qu’il est indispensable de donner à ces logemens la salubrité et la commodité la plus grande.

Quelques éloges que méritent d’ailleurs les recherches, les expériences et les résultats de M. d’Aubenton, nous ne pouvons nous dispenser d’observer qu’il n’a considéré les bêtes à laine que sous le rapport du parcage, et du perfectionnement de leur laine, tandis qu’il auroit dû considérer aussi les animaux comme fabricateurs d’un fumier singulièrement favorable aux terres humides, et qui ne peut y être remplacé par le parcage.

C’est cette dernière considération, jointe à la crainte fondée que les pluies du printemps, et les frimas qui leur succèdent trop souvent, ne procurassent des maladies à leurs moutons, qui ont empêché nos agriculteurs de grande culture d’adopter rigoureusement les principes de ce bon citoyen sur le meilleur gouvernement des bêtes à laine.

Quoiqu’il en soit, il n’en est pas moins vrai que les travaux de M. d’Aubenton ont puissamment contribué au perfectionnement des bêtes à laine en France, et à celui de la construction des bergeries.

Ces bergeries doivent être saines, et beaucoup plus aérées encore que les écuries et les étables, afin que les bêtes à laine ne trouvent pas une trop grande différence de température entre l’air intérieur de la bergerie et l’air extérieur. S’il en étoit autrement, leur tempérament seroit affoibli par les alternatives de chaud et de froid qui arrêteroient leur trop grande transpiration habituelle, et leur occasionneroient des maladies inflammatoires. Il ne leur faut donc, pour ainsi dire, que des abris, et ces abris doivent être disposés pour le plus grand avantage du fermier.

Pour y parvenir, il faut que les bergeries soient construites de manière à pouvoir remplir les trois destinations suivantes : la première, de servir d’abri aux bêtes à laine ; la deuxième, de pouvoir y fabriquer du fumier ; et la troisième, de servir de hangars ou de remises au besoin, lorsque les moutons sont au parc. Dans des fermes d’une grande culture, on doit aussi distinguer des bergeries de deux espèces, savoir, les bergeries destinées à loger le troupeau particulier que leurs fermiers conservent pendant l’hiver après le déparc, et que, pour cette raison, nous nommons bergeries d’hivernage ; et celles qui doivent recevoir les moutons qu’ils achètent au printemps, avant de les faire parquer, pour parfaire le nombre nécessaire à l’engrais des terres qu’ils veulent amender de cette manière, nous les appelons bergeries supplémentaires.

Nous conseillons de construire les premières, comme M. d’Aubenton le propose, en bergeries ouvertes. Elles doivent être placées dans la cour de la ferme, de manière que les bêtes à laine soient obligées de traverser les trous à fumier pour en sortir. Cette position est nécessaire pour qu’elles puissent se vider dessus en sortant des bergeries, et que leurs excrémens ne soient pas perdus.

M. d’Aubenton croit cependant que les bergeries ouvertes ne sont pas encore assez aérées pour des bêtes à laine, et il appuie cette assertion sur ce qu’il est