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encore, par réflexion, tous les rayons de chaleur des deux corps de bâtimens qui l’avoisinent, en sorte qu’il devra produire des pigeonneaux très-précoces.

Les dimensions des colombiers se calculent d’après le nombre de pigeons qu’ils doivent contenir, en sorte que chaque paire ait sa bougeotte particulière. Chaque bougeotte tient, sur le pourtour intérieur des murs, une surface d’environ un quart de mètre (neuf pouces) de base, sur une hauteur égale.

On voit, sous la cote 4, l’escalier qui conduit au colombier, et l’emplacement dans lequel on dépose le fumier des pigeons.

8°. Granges. Les fermiers ne sont pas d’accord sur la meilleure manière de conserver les grains en gerbes. Les uns prétendent que la conservation des grains en gerbes dans des granges est préférable à l’usage adopté par les fermiers de grande culture : lorsque leurs granges sont pleines, ils forment des meules. Les autres sont persuadés que les grains en gerbes se conservent mieux dans des meules que dans des granges, et tous prétendent appuyer leur opinion sur des faits.

Les premiers disent, 1°. que les meules étant placées sur le sol même, son humidité, plus ou moins grande, doit influer plus ou moins sur la conservation de leurs couches inférieures, malgré le soutrait que l’on place sous les meules, et les précautions que l’on prend pour éloigner les eaux de leur pied.

2°. Que la construction d’une meule est dispendieuse : elle coûte environ cent francs aux environs de Paris ; qu’elle est même d’une construction assez difficile, à cause du ventre qu’il faut lui donner, afin d’éloigner de son pied les eaux qui tombent de sa couverture.

3°. Que les meules ne sont pas à l’abri des avaries occasionnées par les vents.

4°. Que les grains y sont facilement échauffés par les premières pluies de l’automne, qui, lorsqu’elles sont fortes et abondantes, traversent facilement le toit léger dont elles sont couvertes, et pénètrent quelquefois jusque dans leur intérieur.

5°. Que, lorsqu’on veut commencer le battage d’une meule de grains, il faut choisir un beau jour, et rentrer à la fois dans la grange la totalité de ses gerbes, afin d’éviter un changement de temps préjudiciable aux gerbes qu’on n’auroit pas eu le temps de rentrer dans la même journée.

6°. Que cette précipitation, dans la rentrée des gerbes d’une meule, occasionne une perte sensible au fermier, en ne lui permettant pas de prendre toutes les précautions nécessaires pour recevoir dans des draps les grains qui s’échappent des épis, en maniant les gerbes, pour les charger dans les voitures.

7°. Enfin, que les rats, les souris, les mulots, et en général tous les animaux destructeurs des grains, font plus de dégâts dans les meules que dans les granges.

Les partisans des meules prétendent, au contraire, 1°. que, quelque facilité que leur situation donne aux rats et aux mulots pour pénétrer dans leur intérieur, leur ravage ne se remarque sensiblement que dans les couches inférieures des meules, et qu’en général, il y est moins considérable que dans les granges.

2°. Que les grains et les pailles étant plus aérés dans les meules que dans les granges, ils y ressuent plus facilement, et avec moins de danger pour leur échauffement, tandis que, dans les granges, la transpiration naturelle à tous les végétaux nouvellement coupés se concentre, et fait souvent contracter aux grains et aux pailles une odeur de moisi qui en altère la qualité.

3°. Que les pailles y contractent encore les odeurs de rats, de souris, de fouines, d’urine de chats, etc., qui empêchent