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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/517

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les bestiaux de les manger, tandis que les pailles qui sortent des meules conservent toute leur fraîcheur et toute leur bonté.

À ces motifs de préférence, nous ajouterons que les marchands de blé sont tellement convaincus que les grains conservés dans les meules sont de meilleure qualité que ceux conservés dans des granges, qu’ils les paient souvent deux francs par setier plus cher que les autres.

Quant à la perte plus ou moins grande que les fermiers éprouvent de la part des animaux destructeurs dans l’une ou l’autre manière de conserver les grains en gerbes, a-t-elle été rigoureusement constatée par les partisans des granges ? et la différence de leur opinion à cet égard avec celle des partisans des meules ne provient-elle pas de ce que les dégâts éprouvés dans les granges ne s’apercevant pas aussi distinctement, et échappant à tout calcul, on en est moins touché que de ceux qui arrivent dans les meules, parce que celles-ci frappent davantage les yeux ?

Quoi qu’il en soit, il faut toujours des granges à une ferme ; et, lors même que le fermier et le propriétaire seroient d’accord sur la préférence que l’on doit accorder aux grains et aux pailles conservés dans des meules, il faudroit toujours deux granges à cette ferme, l’une pour les gros grains, et l’autre pour les menus grains ; seulement il suffit de procurer à ces granges une aire pour le battage, et le nombre de travées suffisantes pour contenir à la fois six à huit mille gerbes de grains, capacité ordinaire des meules actuelles.

Mais, lorsqu’on veut pouvoir resserrer toute la récolte des grains d’une ferme dans des granges, la construction de ces granges devient très-importante et très-dispendieuse. Leurs dimensions doivent être calculées de manière qu’elles puissent contenir au moins toute la récolte moyenne annuelle de l’exploitation.

Par exemple : Dans notre ferme de six charrues d’exploitation, placée ainsi que nous l’avons supposé, il y aura annuellement soixante-quinze hectares en blé, soixante-quinze hectares en menus grains, et le surplus en jachères, et en prairies artificielles. Leur récolte annuelle, en blé, produira environ quarante-cinq mille gerbes à liens de paille, à raison d’environ six cents gerbes par hectare : il faudra donc donnera la grange à blé q des dimensions telles, qu’elle puisse contenir les quarante-cinq mille gerbes. Cette grange contient cinq travées, sans compter l’aire du battage, et le dessus du baillier r ; eu tout, sept travées. Chacune des cinq travées est disposée pour contenir huit mille gerbes ; le dessus du ballier r, et au besoin celui de l’aire, contiendront le surplus. C’est dans le ballier que l’on réserve les menues pailles provenant du battage et du vannage des grains, pour les donner ensuite à manger aux bestiaux qui en sont très-friands.

La grange à avoine t a été construite d’après les mêmes calculs, et elle est accompagnée de son ballier s.

Nous ferons remarquer que, dans la construction de ces granges, nous avons cherché à diminuer la longue portée des poutres par des surépaisseurs intérieures qui marquent les différentes travées, et que, par leur position entre la cour et l’enclos des meules, et par les ouvertures que nous leur avons données entre chaque travée, et qui existent des deux côtés, nous leur avons procuré le service le plus commode, soit pour resserrer, dans e moins de temps possible, les grains venant du dehors, soit pour rentrer ceux provenant des meules.

Les précautions à prendre, pour que les grains en gerbes se conservent le mieux possible dans les granges, sont