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l’engrais des bestiaux. (Pl. IX.) Les métairies sont les fermes des cantons où la grande culture n’a pu pénétrer encore, faute de débouchés avantageux, et de communications faciles avec les lieux de grande consommation. Leur exploitation est ordinairement de trente à quarante hectares (soixante à quatre-vingts arpens.) Dans ce nombre, vingt-cinq à trente-cinq hectares sont annuellement cultivés en blé, orge ou avoine, et en jachères, et le surplus est en nature de prés et de pâturages.

Un métayer n’est que le colon de son propriétaire. Il n’apporte, en entrant dans une métairie, que ses bras, ceux de sa famille, ses meubles particuliers, et ses instrumens aratoires. Tous les bestiaux sont au propriétaire qui, pour indemniser le fermier des soins qu’il leur donne, ainsi que du labour des terres, lui abandonne la moitié des récoltes et des profits de bestiaux. Les baux de ces bestiaux sont connus, en jurisprudence, sous le nom de baux à cheptel, et ceux des métairies sous celui de bail à moitié ou à tiers franc.

L’éducation et l’engrais des bestiaux sont la principale industrie du métayer, dans les localités qui y sont favorables, et leur gouvernement, son unique étude. Si ce métayer n’étoit pas oblige, par son bail, d’ensemencer annuellement, et dans des assolemens déterminés, une certaine quantité de terres, il n’en cultiveroit que le nombre d’hectares nécessaire à la consommation de son ménage et à la nourriture de ses bestiaux ; le surplus resteront en pâtures.

Les hommes de cette profession sont ; en général, indolens et routiniers. Ils ne montrent une certaine intelligence et une certaine activité, que dans le gouvernement et la vente de leurs bestiaux.

Il faut convenir aussi que l’intérêt, ce grand stimulant de l’industrie, leur manque. Pourquoi chercheroient-ils à perfectionner leur agriculture, à augmenter les produits de leurs terres ? Ils n’ont point de débouchés pour se défaire avec avantage de leur superflu en grains ; ils n’ambitionnent donc que le nécessaire.

Aussi les métairies rapportent-elles, en général, une bien foible rente en grains à leurs propriétaires, et ceux-ci n’apercevant aucun intérêt à leur amélioration, ont bien de la peine à sacrifier quelqu’argent pour corriger la construction vicieuse de leurs bâtimens.

Cependant cet intérêt est réel, car c’est par des bâtimens plus sains qu’ils pourront conserver en bon état de santé les hommes et les bestiaux qui les occupent, et dont la perte leur est si funeste dans les épidémies et les épizooties.

Le nombre des bestiaux qu’un propriétaire fournit à son métayer est ordinairement supérieur aux besoins de sa culture, parce que, sans cette augmentation, ces bestiaux, qui sont aussi employés à leur reproduction, ne pourroient en supporter toutes les fatigues.

D’ailleurs, ils sont dans les pâturages pendant la belle saison, et alors ils ne font point de fumiers. Il est donc nécessaire d’augmenter le nombre de ces bestiaux, afin d’en obtenir la même quantité de fumiers qu’un moindre nombre plus sédentaire aurait procurée.

Une métairie bien meublée en bestiaux présente ordinairement trois jumens poulinières, deux paires de bœufs, six à huit vaches laitières, une ou deux truies, et cinquante brebis et moutons, sans compter les volailles, les poulains de l’année, ceux de l’année précédente, et les élèves des autres bestiaux.

C’est d’après ces données, que nous avons projeté le plan de métairie de la Planche IX. On voit qu’en nous y restreignant au simple nécessaire, nous avons suivi la même ordonnance et les mêmes principes que dans le plan de ferme de six charrues, et que nous y avons procuré au métayer une surveillance directs sur tous les bàtimens qui