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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/525

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la composent, sans négliger aucune des commodités qu’il peut désirer.

Nous ferons seulement remarquer, dans chaque grange, un emplacement côté x, attenant à l’aire du battage, et fermé par un mur d’un mètre de hauteur, dans lequel on dépose les grains battus avant le vannage. Cette recherche n’est point dispendieuse, et est très-commode dans les petites granges, où les grains sont piétines par les batteurs, et embarrassent d’ailleurs l’aire. Nous l’avons trouvée dans le Traité des Constructions rurales, traduit de l’anglais par M. Lasteyrie, d’où nous la tirons, et nous en conseillons l’usage dans toutes les petites exploitations.

Nous avons disposé notre métairie pour une exploitation qui réunit l’éducation et l’engrais des bestiaux à la culture des terres ; mais il existe en France beaucoup de pays de moyenne culture où, par la sécheresse du climat ou la nature des terres, cette réunion n’est pas praticable. Alors le métayer tourne ses vues d’un autre côté, et embrasse alors l’industrie locale qui lui est la plus avantageuse. Ainsi, nos départemens méridionaux nous offrent la culture des mûriers, des oliviers, réunie à la culture des terres ; nos départemens septentrionaux, celle du lin, du chanvre et des plantes huileuses ; nos départemens du couchant, celle des pommiers et des poiriers à cidre, etc.

Cette différence, dans le but local de l’industrie agricole du métayer, doit en apporter nécessairement dans la disposition et la distribution des bâtimens de sa ferme.

Avec une intelligence ordinaire, il sera facile d’approprier notre plan à chaque localité, par des retranchemens ou es augmentations relatives aux besoins réels et locaux du métayer.

§. III. Troisième Exemple. Plan de deux habitations de villageois, dont l’un vit de son travail journalier, et l’autre de sa petite propriété. (Pl. X et XI, figures 1 et 2.) Lorsqu’on s’écarte des grandes routes, et que l’on visite les chaumières qui en sont éloignées, on est peiné de l’état affreux dans lequel on les trouve.

En y entrant, on est oppressé par l’air épais et malsain que l’on y respire. On n’y voit clair, le plus souvent, que par la porte lorsqu’elle est ouverte, et on peut à peine s’y tenir debout.

Un pignon seul, celui auquel est adossée la cheminée, est en pierres ; le surplus est en bois, et le tout est couvert en chaume.

On est effrayé par l’idée qu’une seule étincelle peut embraser, en un instant, cette chaumière, et avec elle tout un village.

On gémit de l’insuffisance de la police, ou plutôt on s’étonne de son silence sur les moyens de rendre salubre la demeure du pauvre, et de la préserver d’un incendie.

L’humanité ne doit point oublier que la Société d’Agriculture du département de la Seine est la première qui ait fait entrer la recherche de ces moyens dans le programme du prix qu’elle a proposé, sur l’art de perfectionner les constructions rurales.

Ces moyens ne sont pas dispendieux, et ne doivent pas excéder les facultés pécuniaires des propriétaires de chaumières. Une petite fenêtre suffira souvent pour aérer convenablement une chaumière, et quelques toises de couverture en tuiles ou en ardoises, suivant les localités, éloigneront assez la cheminée de la partie couverte en chaume pour avoir le temps d’apporter les secours nécessaires, dans le cas où le feu prendroit à cette cheminée.

Les chaumières sont les plus petites des constructions rurales. Elles doivent être saines, comme les autres bâtiments