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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/53

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diffuse, inexacte et incomplète. Pour cet effet, il conviendroit de rechercher tous les mots qui expriment des idées, tous les noms des êtres du domaine de l’économie rurale, ceux des travaux, des ustensiles, et autres objets appartenant à cette science ; de les rectifier, s’il en étoit besoin, de les augmenter et perfectionner, d’indiquer leurs origines, leurs dérivés, leur signification, leurs diverses acceptions, leurs synonymes latins, et, à défaut de synonymes déjà faits, d’en établir de nouveaux, qui pussent être adoptés par toutes les nations européennes, et composer une langue à la manière de celle de l’histoire naturelle, de la chimie, etc.[1].

L’ouvrage le plus étendu en ce genre, et dans lequel on

  1. Les noms des blés, des fourrages, des légumes, des plantes économiques et des arbres fruitiers, qui sont les principaux objets de l’agriculture, sont si peu fixés que, non seulement ils ne présentent pas les mêmes idées aux plus savans agronomes de l’Europe, mais qu’ils ne sont pas même entendus de la même manière, ni appliqués aux mêmes objets, dans la même province, dans le même canton et dans le même village.

    Les noms des travaux, des opérations, des pratiques, des manipulations de culture ; ceux des outils, des instrumens, machines, fabriques, ustensiles et substances qui servent journellement dans l’exercice de l’agriculture, sont encore à établir d’une manière uniforme.

    Enfin, il n’est pas même jusqu’aux termes des choses fondamentales de la science, tels que races, sous-variétés, variétés, espèces, genres, familles, principes, etc., qui ne soient pris, par des écrivains agronomes, sous des acceptions non seulement différentes, mais souvent opposées.

    Cependant, le sens de presque tous ces termes est fixé dans plusieurs langues de l’Europe par des autorités d’autant plus respectables, que leurs auteurs l’ont établi sur les bases d’une saine logique, et sur l’observation de la nature. Mais ces définitions étant éparses dans un grand nombre d’ouvrages, la plupart écrits en langues étrangères, ne sont connues que d’un petit nombre d’agronomes français. Cette confusion dans les mots en met dans les idées, et retarde nécessairement les progrès de l’art. Faire cesser cette confusion, seroit un grand acheminement vers le perfectionnement de l’économie rurale.