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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/530

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ruraux, mais circonscrites comme les besoins et les facultés pécuniaires de ceux qui doivent les occuper, et bornées au nécessaire le plus strict.

Si le villageois est simple journalier, une seule chambre, avec un cabinet à côté pour resserrer ses outils, ou pour y exercer son industrie particulière dans les temps de l’année où il ne peut pas travailler dehors, une petite laiterie, une petite étable et un petit poulailler, suffiront à ses besoins et à ceux de son ménage ; et si son habitation est d’ailleurs convenablement orientée, suffisamment aérée et élevée au dessus du sol environnant, pour n’y être point incommodé de l’humidité ; enfin, si elle est précédée d’une petite cour, et entourée par un petit jardin et une petite chènevière, elle à offrira la distribution la plus complète et la plus avantageuse.

Si le villageois réunit à sa profession une petite culture d’un hectare et demi à deux hectares, comme cela à lieu, sous le nom de manœuvrerie, dans les cantons où cette dénomination est connue, il lui faudra de plus une petite grange, un toit à porcs, et un petit verger.

La Planche X présente le plan d’une manœuvrerie.

Si notre villageois est un propriétaire vivant de sa petite propriété, il lui faut alors un peu plus de logement ; car, comme sa culture ne seroit pas en état de fournir aux dépenses de sa maison et à l’établissement de ses enfans, il se verra obligé d’y réunir une branche quelconque d’industrie.

La Planche XI offre le plan de son habitation. Nous l’avons disposée pour qu’il puisse réunir le commerce de bestiaux à sa petite exploitation, que nous supposons un peu plus forte que celle de la manœuvrerie.

§. IV. Quatrième Exemple. Plan d’une maison de campagne avec sa basse cour, disposée pour une petite exploitation. (Pl. XII et XIII.) En agriculture, les bons exemples sont souvent plus utiles que la publication des meilleurs préceptes. C’est une vérité reconnue par tous les bons esprits, et s’il étoit nécessaire de l’appuyer de preuves, nous citerions les Anglais pour exemple.

Si l’agriculture s’est perfectionnée en Angleterre, dans les comtés annuellement habités, pendant la belle saison, par les riches propriétaires, son perfectionnement n’est dû qu’aux capitaux qu’ils y ont consacrés, et aux bons exemples qu’ils ont donnés.

Avec la même conduite, nous pouvons obtenir en France les mêmes résultats ; et ce sont sur-tout les cantons de moyenne culture qui réclament la présence de leurs riches propriétaires, pour faire sortir leur agriculture de la routine qu’elle a suivie jusqu’à présent.

Avant la révolution, nos grands propriétaires ne trouvoient pour ainsi dire pas le temps d’habiter leurs terres. Les différentes places dont ils étoient revêtus leur permettoient à peine six semaines ou deux mois de vacances, ou de congé : pendant l’automne, ils alloient donc à la campagne pour s’y distraire de leur ennui, ou s’y reposer de leurs fatigues.

Aussi, ne s’y occupoient-ils point du tout d’agriculture. Leur séjour y étoit marqué par des fêtes, des chasses, etc. ; ils y amenoient une compagnie nombreuse, afin de goûter à la campagne les plaisirs de la capitale, sans en éprouver les gênes. Leur séjour y étoit donc, en quelque sorte, perdu pour l’agriculture. Le seul bien qu’elle en retiroit consistoit dans la dépense qu’ils y faisoient ; mais il étoit souvent balancé par une surabondance de gibier qui dévastoit les récoltes, et sur-tout par la corruption qu’ils introduisoient dans les mœurs de toutes les classes, soit par eux-mêmes, soit par leurs valets.

Nous avons éprouvé les résultats fu-