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économie rurale, comme en beaucoup d’autres choses, rien ne peut remplacer l’œil du maître.

Si ses propriétés sont étendues, il doit avoir, à cette campagne, une habitation qui réunisse la commodité et l’utilité à l’agrément et à la salubrité. Alors le propriétaire se fera un plaisir de venir y demeurer pendant la belle saison, et aussitôt qu’il aura goûté le charme qui accompagne toujours les succès dans les améliorations rurales, cette occupation deviendra pour lui une véritable jouissance. C’est ainsi que les propriétaires, en passant seulement six mois dans leurs propriétés, parviendront à faire, autant de bien, et à contribuer autant au perfectionnement de l’agriculture, que les riches Anglais dans les comtés qui avoisinent Londres. Ils y trouveront d’ailleurs un grand avantage : en améliorant leurs propriétés, en y servant d’exemple aux autres propriétaires, ils augmenteront leur revenu ; et, dans les six mois de résidence à la campagne, ils trouveront une économie capable de faire face aux dépenses d’amélioration et aux accidens qui pourroient arriver aux récoltes de leurs fermiers et aux bâtimens de leurs termes, soit par l’intempérie des saisons, soit par des incendies.

Pour construire une maison de campagne telle que nous la concevons, il faut trouver sur les lieux un architecte intelligent pour la projeter, et de bons ouvriers pour l’exécuter. Malheureusement, plus on s’éloigne de la capitale ou des grandes villes, moins on trouve de ressources en ce genre. Nous croyons donc faire une chose agréable aux propriétaires qui ne sont point initiés dans l’art de l’architecture, en leur présentant ici un plan de maison de campagne avec sa basse-cour, disposée pour une petite exploitation ; il leur donnera une idée suffisante des distributions commodes dont elle est susceptible, et ils pourront modifier ou augmenter ce plan suivant les localités, les besoins de l’aisance de celui qui doit l’habiter. D’ailleurs, nous n’avons pas donné beaucoup d’étendue à cette maison de campagne, afin de la mettre à la portée des facultés pécuniaires du plus grand nombre des propriétaires aisés.

La Planche XII indique la disposition et la distribution de cette maison de campagne, ainsi que celles de sa basse cour. Le rez-de-chaussée de l’habitation du maître présente une distribution complète, dans laquelle nous croyons n’avoir rien oublié d’utile et de commode. Elle lui offre d’ailleurs la surveillance la plus facile et sur les cuisines et sur la basse-cour.

Cette basse-cour est également disposée pour satisfaire à tous les besoins de sa petite exploitation, et à la recherche que le goût du propriétaire l’engageroit à mettre dans le choix de ses bestiaux et de ses volailles.

La position du logement du concierge régisseur est telle, qu’il peut également exercer sa surveillance sur l’avant-cour et sur la basse-cour.

Les bâtimens d’exploitation sont isolés les uns des autres, par précaution contre les incendies.

Le trou à fumiers et la mare, sont éloignés du logement du régisseur, et placés au nord de l’habitation du propriétaire, et la pièce de gazon, que nous destinons au pâturage exclusif des volailles, est dessinée par une plantation de mûriers, et défendue des approches des autres bestiaux par une clôture basse en treillage.

Enfin, le logement du jardinier est placé dans son jardin, et en partie sur l’avant-cour ; en sorte que l’habitation du propriétaire est entourée par ses gardiens naturels, sans pouvoir en être incommodée.

La figure 1re de la Planche XIII représente la distribution du premier étage