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bien grande dans leurs constructions.

Enfin, les murs de clôture ne supportent rien, et ont peu d’élévation. Il est donc inutile de leur donner la solidité d’un mur de côtière. Pourvu qu’ils soient solidement fondés en bonne maçonnerie ou en béton, suivant les localités, leur nette maçonnerie peut n’être faite qu’en mortier de terre ou en pisé, crépis des deux côtés, en bon mortier ou en plâtre, et seulement consolidée d’espace en espace par des chaînes de bonne maçonnerie pour en empêcher le déversement.

On trouvera encore de l’économie à proscrire des constructions rurales les noues, les lucarnes, les mansardes, et les croupes.

Les noues, les lucarnes, et les mansardes, sont des inventions très-dispendieuses, et nous avons l’expérience qu’elles deviennent bientôt la cause de réparations continuelles, par la difficulté de leur construction, et la facilité qu’elles donnent à la pluie de s’introduire dans les bâtimens.

Les croupes sont d’une construction plus dispendieuse que les pignons ; elles diminuent d’ailleurs beaucoup la capacité des travées extrêmes des greniers des bâtimens.

C’est par ces différentes raisons, autant que pour éviter les progrès d’un incendie, que nous avons isolé les différens corps de bâtimens dans nos plans de constructions rurales, et que nous avons donné à leurs entières assez d’élévation pour y pratiquer les fenêtres de leurs greniers.

Section II. Solidité dans les constructions rurales. La solidité de ces constructions entre nécessairement dans les vues d’une économie bien entendue, et elle doit être, ainsi que nous l’avons déjà dit, relative à leur destination. Sans la solidité, ces constructions présenteroient bientôt des dégradations toujours dispendieuses à réparer, jusqu’à ce qu’on soit obligé de les refaire à neuf.

Cette solidité ne peut s’obtenir que par celle de l’assiette des bâtimens, par la bonne qualité des matériaux que l’on emploie dans leur construction, et par la manière de les employer.

§. I. assiette des constructions. Lorsqu’on est maître du choix de l’emplacement d’un édifice, on est naturellement porté à l’asseoir sur un terrain sain et solide ; mais on est presque toujours réduit à bâtir sur le terrain dont on peut disposer, quelle qu’en soit la nature ; et si ce terrain n’offre pas une consistance convenable, on est obligé alors d’avoir recours aux ressources de l’art, pour y établir avec solidité ses fondations.

Ainsi, lorsqu’on aura tracé sur le terrain la construction rurale que l’on veut y édifier, on en creusera les fondations sur une profondeur suffisante pour trouver un terrain ferme.

Si, par son défaut de consistance, on étoit obligé de le creuser trop profondément, on pourroit le consolider de la manière indiquée dans Vitruve : elle consiste à enfoncer dans ces fondations des pieux d’aulne, ou de chêne, brûlés par le bout, et frappés au refus de la massue.

Enfin, si le terrain se trouvoit tellement mouvant, que l’on fût obligé d’y bâtir sur pilotis, l’économie conseille alors de préférer à cette espèce de fondation continue, qui deviendroit très dispendieuse, celle sur arceaux, dont les piles seulement seroient fondées sur pilotis.

La profondeur que l’on doit donner aux fondations des bâtimens, pour assurer leur solidité, dépend donc absolument de la consistance du terrain sur lequel ils sont assis. À l’exception du roc vif, sur lequel on peut se dispenser de donner des fondations à un bâtiment, il