Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/550

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tale, on attache des épis des grains aimés des coqs. Cette première disposition sert à attirer les oiseaux et à leur inspirer de la sécurité. Non loin de cette perche, on construit, avec des gaulis ou longues branches de bouleau, une espèce de cage ou de panier conique qu’on peut comparer à une nasse, et dont l’ouverture est tournée en haut, la pointe reposant sur le sol. Au dessus de cette nasse est fixée sur des montans une roue verticale : du moyeu au centre partent, comme rayons, de longues baguettes dont l’extrémité, dépassant la circonférence, présente la forme d’une roue armée de dents. Tout cet appareil est recouvert de paille et d’épis, excepté l’extrémité excédante des baguettes ci-dessus. Les petits coqs de bruyère, attirés par les grains, volent à cette roue : la partie excédante des baguettes ou rayons se présente naturellement à eux pour s’y poser ; c’est aussi ce qu’ils font ; et leur poids faisant tourner la roue, ils descendent et tombent par l’ouverture de la nasse jusqu’au fond qui se rétrécit en pointe, et où ils s’embarrassent en très-grand nombre les uns sur les autres, sans pouvoir se relever. On assure qu’on trouve quelquefois ces sortes d’entonnoirs à moitié remplis de prisonniers.

Les chasseurs de profession font aussi la chasse de ce gibier avec des oiseaux de vol ; cela se pratique dans l’arrière-saison. On leur tend encore des filets et des lacets. Il y a un appeau dont on se sert contre les jeunes oiseaux de cette espèce ; cet appeau n’est autre chose qu’une sorte de sifflet formé avec l’os de l’aile d’autour, bouché de cire et percé de trous propres à lui faire rendre un son imitatif du piaulement d’un petit coq de bruyère. Quand une mère, suivie d’une couvée, entend ce son, elle approche, le prenant pour le cri d’un de ses petits, et livre ainsi toute sa progéniture aux pièges ou au fusil du chasseur. (S.)


CORALLINE BLANCHE, (Coranilla officinalis L.) genre de polypiers qui a pour caractère une tige bipinnée et les articulations presque turbinées ; sa forme est celle d’une plante composée de branches, minces subdivisées en ramifications tenues, articulées, friables craquant sous la dent, d’une odeur forte de marée, d’une saveur salée et désagréable, d’un blanc sale, quelquefois d’une teinte verdâtre, grise ou rougeâtre.

Les espèces de corallines connues sont au nombre de trente ou quarante, parmi lesquelles la plus remarquable est celle dont il s’agit ici. On la trouve plus communément dans la mer qui baigne les côtes de Brest, sur des rochers qui ne sont autre chose qu’un granit formé de différens grains de nature silicée et de spath fusible. Une remarque particulière, c’est que cette production ne se trouve jamais fixée à sa base sur les bancs d’huîtres, mais toujours sur les rochers.

L’analyse de la coralline blanche a déjà été publiée dans le huitième volume des Annales de Chimie, page 306, par Bouvier ; je me dispenserai par conséquent de parler de celle que vient de me communiquer M. Baunach : les différences que présentent les résultats de ces deux chimistes, sont dues seulement à leur manière de procéder. Mais je ne passerai pas sous le silence le phénomène que ce dernier a observé au mois d’août 1788. Un jour où la chaleur étoit excessive, ayant découvert de prodigieuses productions de corallines, et la mer s’étant retirée suffisamment pour en approcher, il détacha, à l’aide du ciseau, un fragment de granit couvert de ces substances, hautes de quatre pouces, et d’un volume proportionné ; elles étoient de la forme la plus élégante, ornées des