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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/555

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Plus grosse que la corbine, elle l’est moins que le corbeau ; une espèce de manteau d’un gris blanchâtre la couvre depuis les épaules jusqu’à l’extrémité du corps ; le reste est d’un noir à reflets bleuâtres.

On voit les corneilles mantelées en assez grandes bandes, quelquefois en compagnie des freux et des corbines, sur les terres cultivées, les prairies et les routes. Elles vivent de limaçons, de vers et d’autres petits animaux, que l’agriculture signale comme ses ennemis. Notre intérêt nous commande donc de ménager cette espèce.

Il faudroit en dire autant du Freux (corvus frugilegus Lin.) s’il n’avoit pas l’habitude d’enfoncer fort avant son bec dans les terres ensemencées, pour y chercher les grains, les racines des plantes encore tendres, et les vers. Cependant la quantité de larves d’insectes qu’il détruit doit, ce me semble, le faire ranger au nombre des oiseaux plus utiles que nuisibles.

Le freux, que dans les environs de Paris l’on nomme frayonne, est un peu plus grand que la corbine, avec laquelle il arrive souvent de le confondre. Son habitude de fouiller dans la terre lui donne un caractère distinctif, facile à saisir : les plumes qui garnissent la base de son bec s’usent et se détruisent par le frottement, et laissent à nu une peau qui paroît parsemée d’une matière blanche et farineuse ; mais ce n’est que quand le freux est adulte qu’il devient chauve en partie. L’oiseau est noir, avec des reflets pourprés sur le corps et les ailes, et des reflets verts sur la queue ; son bec est plus droit, plus grêle que celui de la corbine, et comme râpé.

Cette espèce n’est point carnivore ; elle est à demi-sédentaire et à demi-voyageuse ; car, outre les freux qui ne quittent pas nos contrées, il en vient d’autres à l’automne pour y passer l’hiver. Ils forment des troupes nombreuses, nichent près les uns des autres sur les arbres, dès le mois de mars, deviennent très-criards à l’époque des couvées, quittent le canton pendant deux ou trois mois, aussitôt que leurs petits sont assez forts pour les suivre, et se rallient le soir comme les corneilles. Les œufs qui composent leur ponte, au nombre de quatre ou cinq, ont la même couleur que ceux des corbeaux.

Les freux sont presque toujours maigres ; et, quoiqu’ils ne se nourrissent pas de charognes, comme la corneille et le corbeau, ils ne sont guères meilleurs à manger.

Quiconque a vu des peuplades d’oiseaux noirs habiter et faire retentir de leurs cris aigus et perçans les combles des vieux châteaux abandonnés, les plus hautes tours des églises, sur-tout celles dont l’architecture est gothique, connoît le Choucas (corvus monedula Lin.) auquel on donne, dans divers lieux de la France, les noms de chicas, chocas, chocotte et cornillon. Sa grosseur est celle d’un pigeon, et son plumage presqu’entièrement noir, avec des reflets violets et verts ; du cendré se mêle à cette teinte sombre derrière la tête, aussi bien que sur le cou, et chaque plume de la gorge porte un trait blanchâtre ; cette dernière couleur est celle de l’iris de l’œil.

Cette espèce offre les mêmes traits d’affection et de constance entre le mâle et la femelle, et entre ceux-ci et leurs petits, que j’ai dépeints en parlant du corbeau ; mais chaque couple ne vit pas isolé, et ils nichent, pour ainsi dire, en société dans leurs tristes et sombres manoirs, où sur les rochers, et quelquefois à la cime des arbres les plus élevés. Quatre, cinq ou six œufs verdâtres, et tachetés de brun, forment leur ponte. Quand les petits peuvent voler, c’est-à-dire au milieu de l’été, les choucas abandonnent les vieux édifices et les clochers, et n’y reviennent