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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/557

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rester un grand nombre accrochés aux hameçons.

Si l’on veut se servir des collets à ressort et des pinces d’Elvaski, on peut le faire avec avantage lorsque la neige est sur la terre, parce qu’on en couvre le ressort et qu’on ne laisse paroître que la chair dont il est garni. Celle chair est attachée à la marchette, et comme l’oiseau, en la voyant, voudra l’arracher et l’emporter, cela conduit à placer le ressort dans une situation renversée, c’est-à-dire, de manière que la marchette soit en l’air, afin que le gibier détende le piège en la tirant à lui, au contraire de ce qui a lieu pour la chasse aux canards, où ceux-ci doivent faire tomber la même pièce en marchant dessus.

Les noix, les fèves de marais, les glands, sont des mets recherchés des combines, des corneilles et des freux ; un chasseur inventif peut en tirer des appâts efficaces.

De bons oiseleurs recommandent, entre autres, d’offrir aux corbines et freux des fèves de marais, dans la pulpe desquelles on aura enfoncé des aiguilles rouillées. La digestion les dégage de leur enveloppe, et elles déchirent les intestins de l’animal qui les a introduites dans son estomac.

Il est un autre appât très-destructif pour les races carnivores. C’est celui de chairs hachées et saupoudrées de noix vomique : on laisse les deux substances se pénétrer réciproquement, pendant vingt-quatre heures, et l’on en forme des boulettes que l’on expose à l’avidité des corbeaux et des corneilles. Cette préparation commence par les enivrer, au point qu’on peut dans cet instant les saisir ; mais si on les laisse reprendre leurs sens, ils retrouvent assez de forces pour se sauver dans leurs retraites accoutumées, où ils finissent au reste par mourir. Celle préparation indiquée dans tous les Traités de chasse, est dangereuse ; et on risque d’en rendre les chiens les premières victimes : c’est là souvent une perte sensible pour une ferme. Si l’on s’apperçoit à temps qu’un chien se soit empoisonné avec ces appâts, on peut le guérir en le forçant à boire de l’eau mêlée de vinaigre, de jus de citron, ou de tout autre acide. Il seroit peut-être un autre moyen de prévenir ce danger : ce seroit de mélanger la noix vomique avec de la chair de chien, ainsi qu’on recommande de le faire, quand on prépare cet appât pour le loup ; attendu qu’on a remarqué que les chiens n’attaquoient point les charognes de leur espèce.

Le piège des cornets de parchemin, enduits de glu sur les bords intérieurs, et garnis dans le fond de morceaux de chair, est si connu, que je me contenterai de le citer, en ajoutant que cette méthode est d’ailleurs peu efficace, et ne peut avoir d’autre but que de se donner un instant de divertissement, quand elle réussit. Les chasseurs expérimentés font encore moins de cas de la chasse décrite dans plusieurs ouvrages, et qui consiste en ce que plusieurs hommes vêtus de noir se tapissent sur de grands arbres un peu isolés, dans une futaie, tandis que d’autres vont, à coups de perche ou autrement, troubler le sommeil des corneilles qui, agitées et mises en mouvement, se jettent autour des hommes vêtus de noir, qu’elles prennent, disent les auteurs de ces ouvrages, pour des tas de corneilles, et qui peuvent à peine suffire à tordre le cou de la proie qui leur arrive. Je n’ai trouvé encore aucune autorité de poids qui garantît cette expérience. Mais je citerai, avec pleine confiance, une chasse bien plus divertissante, décrite par M. Vieillot. Lorsqu’on a pu se procurer une corneille ou corbine vivante, on l’attache par terre, couchée sur le dos, au moyen de deux piquets à crochet renversé, qui la saisissent de chaque côté à l’origine des ailes. Dans