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la partie du fond, perpendiculaire au foyer, et par une manivelle qui sert à faire circuler une chaîne au fond de l’alambic, afin d’empêcher que la matière n’y brûle.

Ainsi, sauf ces deux additions, la chaudière est absolument semblable à celle pour la distillation des vins. Nous observerons que cet alambic peut servir indistinctement à la distillation de toutes sortes de liquides, et que sa forme n’est nullement opposée au succès de l’opération, au contraire.

De l’alambic pour la distillation des marcs de raisin. La forme de cet alambic n’a rien qui se rapproche de celle des deux précédens. C’est en surface que sont nos deux premiers appareils, et celui-ci est en profondeur.

Nous avons donné à ce vaisseau distillatrice une forme particulière, afin d’éviter que l’eau-de-vie obtenue de cette substance ne se ressentît de la mauvaise odeur qu’on lui communique par les procédés ordinaires.

Démonstration des vices des fourneaux actuels. Quelques tentatives qu’on ait faites jusqu’à ce jour pour apporter de l’économie dans l’emploi du combustible nécessaire aux manufactures, on n’est pas encore parvenu à l’employer sans perte ; par-tout on consomme beaucoup plus de bois qu’il n’en faut pour entretenir l’ébullition dans les fourneaux d’évaporation, ou pour élever la température dans ceux qui ont une autre destination. On conçoit combien cette consommation superflue dans les grands établissemens doit être préjudiciable aux entrepreneurs, et combien, à l’avenir, elle peut avoir d’influence sur la rareté du combustible : il importe donc, sous ces deux rapports, de chercher à prévenir une disette dont les générations futures pourroient avec juste raison nous accuser d’être les auteurs, si nous ne nous occupions pas de chercher les moyens de brûler le bois avec plus d’économie. À la vérité, depuis quelques années, on est parvenu à apporter, dans la construction des fourneaux, des améliorations très-remarquables ; mais ce ne sont là que des perfections relatives, et bien éloignées encore d’être portées au degré absolu ; il en sera de même des changemens que je vais proposer de faire aux fourneaux en général, parce que, mettant à portée de faire de nouvelles observations, elles pourront conduire à des innovations de plus en plus utiles.

Des fourneaux d’évaporation. L’impossibilité physique qu’il y a d’élever la température dans les fourneaux d’évaporation, tels qu’ils sont construits aujourd’hui, est une des causes qui m’ont toujours paru contraires à leur perfection ; car il ne faut pas croire que l’intensité de chaleur soit en raison de la masse du corps en ignition, ni qu’une même quantité de bois ne doive pas plus produire de calorique dans telle circonstance que dans telle autre ; par exemple, là où la température est déjà très-élevée, les résultats caloriques d’un combustible seront infiniment plus énergiques que ceux du même combustible qu’on incinéreroit dans un fourneau où le degré de chaleur seroit toujours modifié par l’évaporation du liquide contenu dans la chaudière.

Pour prouver que ce n’est qu’à la faveur d’une température déjà élevée qu’on peut avoir une combustion avantageuse, je vais prendre pour exemple, les lampes d’Argan ; elles nous fournissent un objet de comparaison en petit, de l’effet que produit l’intensité de chaleur pendant l’acte de la combustion. Lorsque ces lampes ont leur cheminée en verre, elles donnent une très-belle clarté, et l’huile, en brûlant, ne répand nullement de fumée. Mais si on vient à ôter leur cheminée, l’huile aussitôt brûlera mal, la lumière sera moins intense,