parvenu à le vider vingt fois dans le même espace de temps ? Depuis, ce même peuple a trouvé le moyen de distiller soixante-onze fois en vingt-quatre heures. Enfin, tout récemment, il est tellement parvenu à perfectionner son alambic, qu’en vingt-quatre heures il fait quatre cent quatre-vingts distillations.
Lorsqu’on compare cet immense produit avec le nôtre, on ne conçoit pas comment en France, où l’industrie n’y est pas en retard, on ne fait nulle part, en moins de vingt-quatre heures, la distillation d’une seule charge.
L’objet sur lequel les Écossais ont particulièrement porté leur attention a été l’alambic ; ils lui ont ôté en profondeur pour lui donner en surface ; car, comme l’évaporation est en raison de la surface du liquide, et non en raison de sa hauteur, ce principe a été ce qui les a dirigés dans les changemens à faire à leur chaudière ; et c’est à son application qu’ils doivent la supériorité qu’ils ont acquise dans l’art de distiller promptement.
Cependant, en s’occupant de la perfection de leur alambic, ils ont négligé celle relative à la construction du fourneau.
Nous allons donc fixer l’attention des propriétaires de distilleries sur ces deux objets aussi important par les bénéfices qu’ils assurent, que par le temps qu’ils épargnent. Ainsi, après avoir indiqué les moyens de perfectionner l’alambic, nous ferons connoître les principes que nous avons appliqués tout récemment à chaque espèce de fourneau, et d’après lesquels on obtient, avec trois fois moins de combustibles, six fois plus de produits. Cette amélioration, dans nos ateliers de distilleries, sera d’une haute importance pour la France, et particulièrement pour les distillateurs ; car, le combustible entre pour beaucoup dans les frais de la distillation.
De l’alambic en général. La forme de l’alambic doit varier suivant la nature des substances qu’on se propose de distiller.
Par exemple, l’alambic qui est destiné à la distillation des vins, doit différer de celui qui sert à la distillation des lies, ou des liquides qui, pendant l’ébullition, laissent déposer au fond de la chaudière des substances susceptibles de s’y brider. Enfin, l’alambic qui doit servir à la distillation des marcs de raisin doit également différer des deux précédens. Nous avons été conduits à cette innovation, parce que nous avons reconnu que la méthode usitée pour ce genre de distillation est absolument défectueuse, et ne produit que des eaux-de-vie d’un goût désagréable.
De l’alambic pour la distillation des vins et des liqueurs spiritueuses qui ne se troublent point pendant l’ébullition. Nous avons donné à cet alambic le plus de surface possible, et une profondeur qui soit en rapport avec sa surface.
Les dimensions qui nous ont paru les mieux proportionnées pour un alambic ordinaire, sont dix pieds de long, quatre de large, et dix pouces de haut, ce qui donne une capacité intérieure de quarante pieds cubes. Ainsi, une chaudière de cette dimension contiendra cinq muids, et lorsqu’elle sera en activité, on pourra la renouveler huit fois en vingt quatre heures.
On pourroit, à la rigueur, distiller beaucoup plus promptement ; mais alors il ne faudroit pas agir sur cinq muids à la fois ; ainsi, d’après cette remarque, il n’y a pas d’avantage à renouveler trop souvent la liqueur de l’alambic, puisque c’est toujours aux dépens de la quantité que l’opération se trouve accélérée.
De l’alambic pour la distillation des lies, ou de toute autre substance visqueuse. Cet alambic ne diffère du premier que par la forme qu’on a donnée à