raison du lieu où se reposent les essaims. Ainsi, ceux qui vont se placer sur les branches d’un arbre, demandant plus de soins, ont particulièrement fixé l’attention des agriculteurs, et voici deux moyens qui ont été par eux employés avec le plus de succès.
Ier. Moyen. On attache au bout d’une perche assez longue un cercle qui y est fixé à pivot. La destination de ce cercle est de recevoir la ruche qui doit recueillir l’essaim. On place donc la ruche de manière que son ouverture soit en haut. Lorsque l’essaim s’est réfugié sur une branche d’arbre élevée, on lui présente la ruche ouverte, et, au moyen d’une autre perche armée de crochets, on saisit la branche, on l’agite ; l’essaim tombe ainsi dans la ruche qu’on descend doucement, qu’on recouvre aussitôt avec celle où l’on veut loger l’essaim, et l’on enveloppe ensuite ces deux ruches avec un linge, en ayant soin de laisser une issue par laquelle puissent entrer les abeilles qui sont ou tombées ou restées sur l’arbre. Cette dernière opération doit se faire vers le coucher du soleil
IIe. Moyen. On se sert d’une bascule qui consiste dans un cadre de fer, dont le fond est formé de plusieurs fils également de fer qui se croisent, de sorte que la ruche y entre à moitié ; le cadre a un manche d’une longueur indéterminée, mais dont le milieu entre dans une entaille faite au bout d’une perche qui sert de pied à la bascule, et dont la longueur est pareillement indéterminée. Sur ce pied, le manche de la bascule s’élève et joue comme le fléau d’une balance. À son autre extrémité est attachée une corde qu’on lâche pour faire baisser la bascule, et qu’on tire pour la faire monter à volonté. Il faut, s’il est possible, conduire la bascule jusqu’à ce que l’essaim se trouve sous l’ouverture de la ruche ; et quand on l’a fait tomber de la manière ci-dessus décrite, on lâche la corde pour baisser le cadre et la ruche qu’il contient ; puis on tire de côté le pied de la bascule, et l’on renverse la ruche pour la remettre dans sa position naturelle.
À défaut de bascule, on y supplée par un cadre d’osier ou de gros fil de fer, que l’on garnit d’une toile claire et taillée comme un filet de pêcheur. On l’élève au bout d’une perche jusqu’au dessous de l’essaim, que l’on contraint d’y entrer en le balayant et le secouant ; on ferme alors la toile par le moyen d’un nœud coulant, et l’on place enfin l’essaim dans la ruche préparée pour lui servir d’habitation.
Manière d’enfumer les abeilles. Quand on veut toucher à l’intérieur des ruches, il faut enfumer les abeilles, parce qu’au moindre mouvement elles descendent, couvrent les gâteaux, et rendent toute entreprise impossible.
On prend à cet effet un vase de terre ou de fer ; on y met des charbons bien allumés sur lesquels on jette de petits morceaux de linge blanc de lessive, et l’on appuie ce linge sur les charbons, afin qu’ils ne donnent point de flamme, et qu’ils ne produisent que de la fumée ; d’autres personnes emploient des fumerons de bouse de vache desséchée.
Quand la fumée commence à monter, on soulève la ruche pendant une demi minute ; les abeilles se retirent dans le haut, et laissent libre le travail qu’on veut entreprendre.
Cependant, comme la fumée introduite dans la ruche pourroit ne pas tenir les abeilles éloignées pendant tout le temps nécessaire, il faut avoir un rouleau de linge, en forme d’andouille, et bien serré, afin qu’il s’enflamme peu et donne beaucoup de fumée. On le présente allumé aux abeilles lorsqu’elles redescendent, ou bien l’on se sert de fumerons de bouse de vache, qui bientôt les forcent également à remonter.