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Société d’Agriculture de Paris, conseille un procédé facile à suivre.

On façonne, avec un tonneau, deux baquets d’environ huit à dix pouces de profondeur, qu’on enfonce à fleur de terre près d’un puits, l’un à côté et sous la pente de l’autre. On met dans chaque baquet cinq à six pouces de terre ; on les remplit d’eau pure, et dans chacun on plante trois à quatre brins de cresson de fontaine, avec leurs racines.

Ce cresson couvrira bientôt les baquets ; sa végétation entretiendra l’eau dans sa pureté, et les abeilles iront y boire sans danger pour elles : il faut du reste avoir l’attention de tenir toujours les baquets pleins d’eau pendant l’été. On peut se servir, dans le ménage, du cresson qui y aura été planté ; et, à défaut de cresson, on emploîroit de la mousse qui auroit également l’avantage d’empêcher l’eau des baquets de se corrompre, et d’offrir aux abeilles un point d’appui qui les préserveroit du naufrage.

Manière de nourrir les abeilles. On reconnoît que les abeilles manquent de provisions, lorsqu’en frappant l’intérieur de la ruche avec la main, elles rendent un son foible et peu animé, et lorsqu’en la soulevant on la trouve légère. Il faut alors suppléer à l’insuffisance de leurs magasins ; et, des différens moyens employés ou proposés, le plus salutaire est celui dont nous allons donner la recette, d’après l’expérience qui a constaté son droit de prééminence.

On prend une livre de miel ou de mélasse, trois pintes de vin ou de cidre ; on fait bouillir le tout jusqu’à ce que la liqueur soit un peu épaissie : on en forme ainsi un sirop que l’on conserve dans des bouteilles ou dans des pots couverts, pour s’en servir au besoin.

A-t-on reconnu, d’après les indices que nous avons notés plus haut, la nécessité de fournir aux abeilles un supplément de nourriture, dans ce cas, on met sur le tablier ou plateau de la ruche des rayons, ou naturellement remplis de miel, ou que l’on garnit soit de cette substance, soit du sirop dont nous avons parlé. On peut encore, à défaut de rayons, mettre le miel ou le sirop dans des assiettes qu’on a soin de couvrir de brins de paille ou de papier piqué. Un autre moyen, également bon, consiste à enduire de sirop, à l’aide d’un pinceau ou d’un faisceau de plumes, le bas des rayons de la ruche. Les abeilles ne tardent pas à s’y porter, et elles enlèvent promptement cette petite provision. On continue à la leur administrer tous les jours pendant quelque temps, et l’on évite ainsi le pillage de la part des abeilles étrangères.

Remèdes pour la dyssenterie des abeilles. La dyssenterie des abeilles est occasionnée par une clôture ou par un froid trop prolongé. Le froid seul ne la produiroit pas, puisque les abeilles résistent et même prospèrent dans les forêts du nord de la Russie ; mais elle est le résultat presque inévitable de leur trop long séjour dans les ruches, qui arrête chez elles l’évacuation des matières fécales. Lorsqu’elle se déclare, on la reconnoît à des taches jaunes, larges comme des lentilles, qui paroissent sur le fond et à l’entrée des ruches. Il faut alors enfumer les abeilles à deux ou trois reprises, pour les faire monter en haut de la ruche dont on nettoie bien le tablier ou support ; on leur administre le sirop dont nous avons donné la recette, et de la manière décrite en l’article précédent. Si le papier est gâté par les excrémens des abeilles, on le renouvelle ; deux jours après on les visite, on les enfume de nouveau pour nettoyer la ruche et renouveler le sirop. Il est rare que leur guérison ne soit entière en peu de jours.

Manière de recueillir les essaims. Les difficultés de cette opération sont en