Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pesant et corrompu ; car les fenêtres qui renouvellent le dessus de l’atmosphère d’une écurie ne changent point du tout celui du bas dans lequel se trouvent les bestiaux, et n’en effleurent que la surface ; aussi les cochons, les brebis, les chèvres et les autres espèces moindres d’animaux domestiques souffrent davantage de l’air vicié que les chevaux, les bœufs et les vaches. Cependant la chèvre, la brebis, sont destinées par la nature à vivre au grand air, sur les collines, où elles se plaisent. Les cochons qui préfèrent les terrains fangeux, la boue, et se vautrent dans les marécages, ne sont pas aussi incommodés d’un air lourd et corrompu que les autres bestiaux !

D’ailleurs, la grandeur des écuries, des étables, des bergeries, n’est pas suffisante pour offrir un volume d’air capable d’être respiré par un grand nombre d’animaux ; il est respiré plusieurs fois avant d’être changé ; et dans les pays où les bouviers, les bergers couchent dans les étables, on les voit se lever, chaque matin, pâles, abattus ; ils éprouvent souvent le cauchemar pendant la nuit ; il doit en arriver de même aux bestiaux, surtout aux jeunes, d’où il suit un dépérissement et une mauvaise constitution qui détériorent les espèces. Il est donc nécessaire de donner un assez grand espace à ces animaux, d’exhausser le plancher, de percer les murs en différens endroits, pour donner un libre accès à l’air, en prenant les précautions nécessaires pour empêcher les hommes ou les animaux de proie d’y pénétrer. Ce renouvellement de l’air et cette heureuse exposition sont si utiles aux bestiaux, qu’on ne peut attribuer qu’à cette seule cause tous les avantages du parcage de ces animaux.

Les poulaillers, les colombiers, quoique plus élevés, communément que le sol, et moins humides, moins remplis d’un air épais que les écuries et les étables, ont aussi besoin d’avoir des ouvertures pour le renouveler. Les oiseaux sont d’un tempérament plus chaud que les quadrupèdes ; ils ont un besoin plus naturel encore d’air pur, et on les rassemble ordinairement en grand nombre dans le même local ; mais il est essentiel de garnir ces ouvertures d’un treillage fort et serré pour empêcher l’entrée des belettes, des putois et des autres bêtes carnassières ou malfaisantes qui s’introduisent souvent dans ces asiles. Pendant l’été, on placera des châssis de canevas à ces ouvertures, pour empêcher l’entrée des mouches qui harcèlent continuellement les bestiaux.

Pénétrée de toutes ces vérités, la Société d’Agriculture du département de la Seine avoit proposé un prix sur les constructions rurales, qu’elle a décerné à un Mémoire de M. de Perthuis, qui a traité cet utile sujet dans cet Ouvrage, avec la méthode et les vues économiques qui persuadent que l’on est inspiré par le seul désir de servir son pays. Il appartenoit à une nation qui a tant fait pour les animaux, qui a infligé des peines, des amendes contre ceux qui, dans les foires, les maltraiteroient, de réunir les notions acquises par les meilleurs agriculteurs ; c’est à M. Lasteyrie que nous en devons la traduction, qu’il a enrichie de notes instructives.

Des moyens de propreté. Ce seroit en vain qu’on prendroit toutes les précautions pour offrir un local sain et agréable aux bestiaux, si l’on ne veilloit pas à sa propreté continuelle. Rien ne corrompt, davantage l’air que l’amas infect d’urines, d’excrémens, de litières qui se décomposent et qui fermentent sans cesse dans les étables. De ce foyer perpétuel de vapeurs de litières s’exhalent des miasmes qui pénètrent dans les poumons, s’attachent non seulement aux poils, à la laine, à la peau des bestiaux, aux plumes des poules et des pigeons, mais même aux murs et à tous les objets qui