Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chargé ; comme elles rendent même de plus en plus l’air nuisible à la respiration en l’épaississant davantage, il est nécessaire de recourir à différens moyens pour purifier l’air que respirent les animaux domestiques dans les asiles où ils sont renfermés. On peut établir quatre moyens principaux pour parvenir a ce but. Le premier consiste dans la manière la plus avantageuse de construire et de disposer les étables, les écuries, etc. ; le second repose spécialement sur la propreté ; le troisième est fondé sur les moyens mécaniques de chasser l’air infect et de le renouveler ; enfin le dernier dépend des différentes opérations chimiques pour purifier ce fluide atmosphérique.

1°. De la construction et de l’emplacement les plus favorables à la salubrité des étables, etc. Quoiqu’on ne soit pas toujours le maître de choisir les lieux es plus convenables, et de construire à son gré les écuries, les bergeries, les colombiers et les autres demeures qu’on destine aux animaux domestiques ; il est cependant nécessaire de savoir comment on parvient à les rendre saines. Il importe sur-tout de les placer, s’il est possible, dans un lieu libre et un peu élevé, pour éviter l’humidité qui est très-pernicieuse à la plupart des animaux, et qui, aidant la décomposition des litières et la putréfaction de toutes les substances, répand des principes de corruption dans l’air. Le sol des écuries, etc., sera bien pavé et un peu incliné, pour favoriser l’écoulement des urines, car la position horizontale rend les écuries moins humides ; et rien n’affecte davantage le pied du cheval, que de tenir cet animal sur un plan trop en pente ou en talus. Il faudra, autant qu’on le pourra, construire les étables à une exposition orientale ou méridionale ; cependant celle du nord, quoique froide en hiver, est assez salubre ; il est rare que les animaux éprouvent la froidure d’une manière nuisible ; (excepté les poules et les pigeons) car les moutons, le vaches, les chevaux, les cochons, supportent très-bien la température de nos hivers, dans leurs étables, où ils s’échauffent d’ailleurs mutuellement. Au contraire, les grandes chaleurs de l’été, pendant lesquelles on les renferme d’ordinaire, les font extrêmement souffrir, principalement ceux à toison épaisse : aussi ces animaux entassés dans un petit espace, presque sans jour, sans air, et au sein des ardeurs de la canicule, suent, halètent et même périssent étouffés ; ou bien, sortant tout à coup de cette atmosphère brûlante et concentrée, ils passent dans un air libre et froid qui suspend leur transpiration et produit de fréquentes maladies*

Rien n’est donc plus nécessaire épie de pratiquer des fenêtres ou des larmiers dans les étables, les écuries, les bergeries, d’en proportionner le nombre et les dimensions à l’étendue des bâyimens, et de les construire de manière à pouvoir les ouvrir et les fermer à volonté, pour donner accès à l’air et intercepter la lumière, à les préserver du froid en hiver, et de la chaleur en été ; enfin, avec des égouts pour l’écoulement des urines et des ordures, etc.

Mais, comme l’atmosphère de ces localités est fort pesante, et que l’air méphitique, ou le gaz acide carbonique qui se dégage des matières putréfiées, de la respiration, de la transpiration, et des excrémens, est plus lourd que l’air commun, il se lient de préférence dans les parties basses, ce qui nuit d’autant plus aux bestiaux, qu’ils ne peuvent se coucher et dormir sans respirer cet air épais, stagnant et imprégné de toute la mauvaise odeur des litières et des sécrétions. C’est donc principalement dans le bas qu’il importe d’ouvrir des soupiraux, des espèces de vasistas propres à, balayer l’air