Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/107

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épuisé tous les moyens détaillés précédemment. En général, les acides étant les destructeurs des principes putrides et alcalins que développent les maladies contagieuses, leur usage ne peut être que très-salutaire ; et c’est dans ces vues que Rozier a recommandé les fumigations d’acide muriatique simple, suivant le procédé de Guyton de Morveau, à l’article Méphitisme du Cours complet d’Agriculture.

M. Paraletti, membre de l’académie de Turin, a fait le plus heureux usage des fumigations de gaz acide muriatique oxigéné, dans des ateliers de vers à soie attaqués de maladie. Les vers de l’un de ses ateliers, qui avoient passé la quatrième mue, devenoient languissans, refusoient la feuille de mûrier ; plusieurs rendoient des excrémens gluans, olivâtres ; d’autres avoient des taches ronges sur la peau, il en mouroit un très-grand nombre. L’auteur mit dans une capsule de verre une once de manganèse en poudre, et versa dessus de l’eau régale, (acide nitro-muriatique) en remuant avec une spatule de cristal. Il s’éleva une vapeur de gaz très-vive, que M. Paroletti promena par toute la chambre pendant un quart d’heure, en modérant toutefois la fumigation, de manière à ne point incommoder les vers ; ensuite il renouvela l’air. Au bout de deux jours, la maladie disparut ; les vers montèrent heureusement, et eurent un succès partait. Dans un second essai fait sur quelques centaines de vers à soie, attaqués d’une maladie qui les rendoit luisans et d’une couleur jaune, il a suffi de tenir ouvert, près d’eux, un de ces flacons portatifs de désinfection que prépare M. Boulay, pharmacien : presque tous les vers montèrent et fournirent de très-beaux cocons. Ce procédé seroit sans doute avantageux à la santé des hommes qui, se livrant à l’éducation des vers a soie, éprouvent souvent des fièvres dangereuses.

En 1800, une maladie contagieuse s’est fait sentir à St-Omer et dans les environs ; elle a moissonné huit cents bœufs ou vaches, dans l’espace de six mois : une foule de vachers, de cultivateurs ou distillateurs de grains, ont perdu tout ce qu’ils avoient de bestiaux M. Ramonel » pharmacien, de première classe des armées, avoit dix-sept bœufs dans une seule étable, qu’il nourrissoit avec la drèche provenant de sa distillerie ; son établissement étoit voisin de deux vachers qui voyoient tous les jours leurs bestiaux périr ; il conserva les siens, en mettant en expansion, deux fois le jour, du gaz acide muriatique oxigéné, au moyen d’un réchaud qu’il plaçoit à une des extrémités de l’étable dont les portes et les fenêtres étoient fermées pendant une heure ; ce gaz sembloit chagriner un peu les bestiaux, ils s’apitoient et toussotent souvent ; mais à peine avoit-on donné de l’air à l’étable, et le gaz dissipé, qu’ils paroissoient très-gais et mangeoient avec avidité. Ce moyen fut employé, pendant quelque temps, sans qu’on se soit apperçu de la moindre indisposition parmi eux ; ils prirent de l’embonpoint comme dans les temps ordinaires.

Le gaz acide carbonique, qui vicie l’air des étables, peut être absorbé par l’eau de chaux, exposée dans des baquets aux coins du local, lorsqu’on ne peut pas y faire circuler du nouvel air ; il faut cependant observer que ces agens chimiques n’ont qu’une puissance momentanée, et qu’il est nécessaire de les répéter souvent. Il est d’ailleurs indispensable d’en confier l’emploi aux propriétaires instruits, plutôt qu’à des domestiques aussi peu éclairés que maladroits.

Dans les Mémoires de la Société de Médecine, année 1786, Lasonne et Cornette recommandent l’usage des acides végétaux en expansion dans les lieux