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bonnet de prêtre, bois carré, bois à lardoire.

Fleurs, petites, verdâtres, en ombelles dichotomies.

Feuilles, opposées, lancéolées, pointues, finement dentées, d’un beau vert.

Fruit. Capsule à plusieurs angles et à plusieurs tiges, contenant quatre semences oblongues de couleur orangée.

Port, arbrisseau de vingt à trente pieds, branchu, dont les jeunes rameaux sont quadrangulaires, et d’un vert lisse. M. de Courset, dans son ouvrage intitulé le Botaniste Cultivateur, dit que cet arbre a dix à douze pieds de hauteur. J’en ai vu chez M. Thévenin, propriétaire à Livri, près Melun, qui sont dans une partie élevée d’un bois composé de diverses espèces d’arbres indigènes et exotiques, qui ont plus de vingt pieds de hauteur, quoique la terre qui nourrit le fusain soit de médiocre qualité et sans culture.

Lieux. Les bois, les haies.

Culture. Le fusain se multiplie par ses semences qu’on met en terre par-tout, et à toute exposition, dans le cours du printemps ; elles seront mieux cependant, si on les sème dans un sol ombragé par un abri naturel ou artificiel, et si on mêle un huitième de sable de bruyère à la terre du sol. Le jeune plant sera repiqué, la première ou la deuxième année, par-tout où l’on se propose de le laisser parcourir les périodes successives de sa vie, soit qu’on n’ait en vue que de jouir du spectacle très-agréable, en automne, de ses jolies capsules rouges, et des semences orangées que celles-ci laissent voir lorsqu’elles sont à demi-ouvertes.

Propriétés économiques. Cet arbrisseau est aussi utile qu’agréable ; son bois, d’un jaune tendre, obéit au ciseau du sculpteur ; il est employé dans la marqueterie ; il sert aux luthiers, dans la fabrication des instruirions, et les tourneurs en font des vis, des fuseaux et des lardoires. Ses petites branches carbonisées dans un tube de fer rougi, où elles sont enfermées hermétiquement, font des crayons précieux pour esquisser, parce que leurs traits s’effacent facilement ; mais il faut avoir soin de les tailler sur le côté, pour éviter la moelle qui est trop tendre.

Le charbon du fusain entre dans la composition de la poudre à canon ; ses fruits servent à teindre en jaune, en vert, et donnent une couleur rousse.

Il réside dans les feuilles, les fruits et l’écorce de cette plante, un principe âcre et caustique qui la rend plus ou moins émétique, sur-tout au printemps, lorsque la sève est dans sa plus grande activité ; elle est alors mortelle pour les brebis et les chèvres, et peut être dangereuse même aux vaches qui en mangeroient de fortes doses. Mais le fusain, qui a des effets si terribles pris intérieurement, devient salutaire, si on l’applique extérieurement aux ulcères invétérés. Sa décoction guérit la gale des chiens et des chevaux, et il suffit de s’en laver pour faire périr, sans dangers, les poux et les insectes qui s’attachent à la peau des hommes et des animaux.

Le genre du fusain comprend plusieurs autres espèces ou variétés, qui participent des qualités du précédent, dont la culture, le semis sont les mêmes ; on les cultive pour l’ornement des jardins. Je veux parler des

Fusain à fruit blanc, (Evonimus vulgaris, Var. fruct. alb.) dont les fruits sont blancs ;

Fusain à larges feuilles, (Evonimus latifolius, ) plus beau que le fusain commun ; feuilles grandes, larges, belles, luisantes ;

Fusain noir pourpré, dont les fleurs sont d’un pourpre obscur ;

Fusain d’Amérique, (Evonimus Americanus,) dont les fleurs sont jaunes, et les feuilles très-larges.