Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/130

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baillemens, les nausées suivies de la sortie d’un air acéteux et infect, la dépravation du goût qui porte l’animal à manger le plâtre, la terre. On remarque en lui le froid des extrémités, le pouls serré et embarrassé, la difficulté de fienter et d’uriner, la lassitude, le coma, la tristesse, l’abattement, l’engourdissement des membres, l’érection ou les signes de chaleur dans les femelles. Les extrémités sont roides, il y a des frissons par intervalles, les oreilles sont froides, ainsi que toute la surface du corps ; puis les parties deviennent brûlantes, sur-tout la bouche et les oreilles ; les tumeurs changent de siège. Il y a des animaux qui font entendre des borborygmes, qui se tourmentent et refusent toute espèce d’alimens solides et liquides.

Le flux se résout plutôt que de devenir purulent ; l’ulcère se cicatrise plus promptement que les parties environnantes ne se dégorgent ; la tuméfaction subsiste, l’animal jette de nouveau pendant plusieurs saisons, pendant plusieurs années. Les animaux éprouvent aussi, par les naseaux, beaucoup de flux qui ne les soulagent point ; ils n’ont aucune aptitude ni à la résolution, ni à la suppuration, en sorte que c’est une fluxion catarrhale et non une maladie critique ; ces flux sont continuels ou périodiques ; la maladie se termine par des claudications nerveuses, par le cornage, l’immobilité, la pousse, la paralysie complète ou incomplète.

Elle peut être aussi le partage des jeunes sujets, des poulains d’un an, dix-huit mois, deux ans : les chevaux fins, élancés, délicats, étroits de boyau, ceux qui pèchent par excès d’ardeur, qui sont craintifs, irritables, qu’on met au sec trop tôt, à qui on a arraché des dents de lait, y sont plus exposés. Ainsi, l’éruption de cette gourme est souvent prématurée, c’est-à-dire qu’elle se manifeste avant que l’animal ne soit formé : d’où il résulte un jetage imparfait, un flux peu abondant par les naseaux, et un dépôt extérieur si petit, qui suppure si peu, que les animaux ne sont point garantis de la gourme. Ils l’éprouvent une seconde et même une troisième fois, et c’est sans doute à ces gourmes irrégulières prématurées, tardives, qu’on doit appliquer les dénominations de fausses gourmes, assez usitées parmi le vulgaire. Ce qu’il y a de vrai, c’est que ces gourmes sont des crises imparfaites, qui reviennent plusieurs fois et qui se manifestent sur-tout en automne, en hiver et dans tous les temps où un froid humide succède à une température plus sèche et plus chaude. C’est quelquefois aussi lorsque les chevaux quittent les pâturages pour être mis au régime sec, que se déclarent ces gourmes plus rebelles et plus dangereuses.

Traitement. Le régime qui convient le mieux lorsqu’on est dans une saison favorable, c’est le vert d’escourgeon que l’en fait prendre à l’écurie, et que l’on distribue avec prudence. On accompagne cet aliment de deux ou trois rations de son frisé, dans chacune desquelles on ajoute quatre ou cinq gros de sel commun.

Mais si l’on n’a point d’escourgeon, on aura recours à l’orge cuite à la vapeur de l’eau bouillante ; on la mêlera avec le son ; on donnera très-peu de foin, et il sera toujours mêlé à trois parties de bonne paille de froment brisée en quatre, pour qu’elle se mêle plus exactement, et que l’animal ne puisse manger l’un sans l’autre.

On tient les animaux couverts, et on les panse de la main deux fois par jour ; on les promène au pas et au soleil.

On fait un grand usage de lavemens de décoction de graine de fin ; on donne ces lavemens en petite quantité pour mettre l’animal à même de les garder, afin que leur impression soit plus durable. Lorsque l’éréthisme du rectum ne cède pas à ces lavemens, on y ajoute un peu d’onguent populéum et un peu de camphre que l’on fait dissoudre, avant ce mélange, par le moyen d’un jaune d’œuf. On place sur les reins un sac rempli de son qu’on a fait bouillir dans une suffisante quantité d’eau, et qu’on applique chaud sur la partie.

On donne pour breuvage la décoction de son et de graine de lin, dans laquelle on fait infuser des plantes antispasmodiques, telles que la mélisse, la sauge, la bétoine et les feuilles d’oranger ; on peut ajouter à chaque pinte de breuvage une once d’eau de mélisse simple, ou une pareille quantité d’eau de fleur d’orange, et un ou deux gros d’huile empyreumatique distillée. Si le spasme persiste, on fera prendre dans la première cornée du breuvage un gros d’éther sulfurique.

Tel est le plan du traitement intérieur qui peut seul, dans cette circonstance, favoriser les évacuations critiques ; mais.il importe de prévenir ici que les dépôts qui, dans cette maladie, sont très-mobiles, qui se dissipent ou sa résolvent spontanément peu de temps après leur apparition, exigent de la part de l’artiste une attention toute particulière pour les fixer sur la partie où ils se sont montrés. On y réussira par le moyen des vésicatoires, qu’on réappli-