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quera même jusqu’à ce qu’ils produisent l’effet désiré ; et l’on n’ouvrira la tumeur que lorsque le pus sera parfaitement formé.

Il y a des circonstances où cette gourme a un caractère nerveux si marqué, que la paralysie se manifeste tout à coup. Pour la faire cesser, il faut avoir recours au bain de fumier, (Voyez Bain) pendant l’action duquel on fait prendre en breuvage l’infusion de fleurs de sureau avec quatre ou six gros de sel ammoniac. La sueur étant finie, on applique fortement les vésicatoires sur la partie paralysée. Leur effet a souvent suffi pour rendre le mouvement et le sentiment à la partie.

Lorsque l’animal a le goût dépravé, qu’il lui reste des borborygmes, continuez le breuvage, chaque matin, pendant quelques jours, en y ajoutant une once de magnésie dans chaque dose.

Lorsque le spasme est cessé, et que la souplesse est rendue à toutes les parties, la gourme se manifeste soit par l’abondance du flux, soit par la tuméfaction de la ganache, ou par d’autres dépôts. Alors on se conduit suivant ce qui est prescrit pour les modes de gourme inflammatoire ou de gourme cachectique, eu égard à la marche que prend la nature.

Gourme gangreneuse. Cette espèce est rare ; on ne la voit que dans des lieux et dans les saisons où il règne des charbons soit enzootiques, soit épizootiques. (Voyez Charbon, tant pour les symptômes, que pour les causes et le traitement.)

Les particuliers qui auront l’attention surtout d’éviter les causes que nous avons développées, et de traiter leurs animaux par les méthodes qui ont été décrites, auront, à circonstances égales, l’avantage de voir leurs animaux préservés des gourmes fâcheuses, ou beaucoup moins attaqués que ceux de leurs voisins. (Ch. et Fr.)


GRAINES. Si on consulte les articles Accroissement, Fécondation, Germination, Semaille, Semis, Semences, du Cours complet d’Agriculture, il sera facile de se convaincre que les phénomènes les plus importans de l’anatomie et de la physiologie des graines, de ces organes régénérateurs, de ces véritables foyers ou réservoirs du principe vivifiant des végétaux, ont été soigneusement examinés, et présentés avec beaucoup d’intérêt par Rozier, qui les a considérés dans leur application aux besoins des hommes et des animaux, et qu’il a saisi leurs rapports généraux avec les arts, l’agriculture et le commerce.

Il ne reste donc plus qu’à réunir sous un seul point de vue les principaux avantages qu’elles procurent, en les employant à la reproduction ; à indiquer estiment on doit procéder à leur récolte et à leur conservation ; enfin, les moyens les plus certains pour s’assurer de leur bonne qualité.

Contenues dans des espèces d’ovaires qu’on nomme péricarpes, et qui leur servent d’enveloppe, les graines ou semences des végétaux varient beaucoup entr’elles par leur couleur, leur consistance, leur forme, leur volume. Ces caractères distinctifs sont très-constans dans celles des espèces végétales conservées par succession pendant la durée des siècles, dans un état sauvage ; mais ils changent dans celles des végétaux soumis et qu’on continue à soumettre à la culture, à l’action stimulante des engrais, aux influences d’un sol et d’un climat différens de ceux qui les ont vus naître. Ainsi, la nature perpétue les espèces et maintient leur intégrité, en les traitant toujours de la même manière ; ainsi l’art, à l’aide des procédés particuliers, forme et conserve des variétés.

Malgré la quantité de semences que fournissent les végétaux, et qui sert non seulement à les renouveler, mais encore à nourrir une multitude innombrable d’animaux, la nature, comme si elle eût craint d’être au dépourvu, a encore distribué des germes féconds dans presque toutes les parties d’un grand nombre de végétaux, dans les boutons des tiges de ceux qui sont ligneux, et qui, plus lents dans leur développement, rapportent plus tard des semences dans les drageons des racines de ceux qui ne donnent