Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/163

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qu’on veut aviver, on plante, dès le commencement du printemps, deux arbres congénères ; s’ils ne sont pas de même espèce, ils doivent être de la plus grande force, c’est-à-dire de six pouces de diamètre, si l’arbre auquel ils doivent être unis est déjà gros. On les plante inclinés à l’angle d’environ vingt-cinq degrés, sur le tronc du vieil arbre. Après les avoir plombés, on affermit la terre sur leurs racines, on leur coupe la tête, non à angle droit, mais en biseau. On fait deux entailles au tronc du vieil arbre, et en sens contraire à celle des jeunes arbres, de manière à ce que ces trois parties réunies, il ne reste ni vide ni éminence. Les deux troncs des jeunes arbres, étant réunis par leur extrémité à celui du vieil arbre, on les ligature solidement, on recouvre les plaies avec de l’onguent de Saint-Fiacre.

L’essentiel de cette opération, est de faire coïncider exactement les écorces ensemble par tous les points de contact. Si, au lieu de deux arbres, on en ajoute deux autres, ces quatre étais, placés sur les quatre côtés, soutiendront le vieil arbre en l’air, et le maintiendront contre les efforts des ouragans les plus violens. On peut employer cette sorte de greffe pour un arbre précieux par les qualités de ses fruits, ou par tout autre mérite, dont le tronc vicié par des chancres n’offre plus une garantie de l’existence de l’individu.

Dans ce cas, lorsque les greffes seront bien consolidées avec le tronc de l’arbre, on pourra supprimer celui-ci dans toute la partie qui se trouvera au dessous des étais.

Greffe par approche sur branches. Deux arbres, placés à une distance qui ne permet pas à leurs troncs de se joindre pour être greffés en approche, offrent quelquefois des branches latérales qui peuvent se réunir : dans ce cas, il est facile de les greffer.

On choisit deux branches de deux arbres voisins, dont l’une appartient à un arbre sauvageon, et l’autre à un arbre rare, mais d’espèces congénères ; on coupe la tête aux deux arbres, on ne laisse sur chacun d’eux que la branche qu’on veut greffer ; on entaille ces deux branches à demi-épaisseur, on joint les deux plaies, on les ligature avec de la filasse, de laine filée ou de la ficelle, suivant la grosseur des branches greffées ; on fait une poupée autour de la greffe, on la soutient par un tuteur qui empêche toute vacillation ; on pince les extrémités des deux rameaux greffés ; lorsque la greffe est reprise, on sépare la branche du bon arbre pour la laisser sur le sauvageon ; on lui donne une position verticale au moyen d’un tuteur, si l’on veut en faire un arbre élevé, on marcotte cette greffe au point de son bourrelet, si l’on veut avoir un arbre franc de pied, ce qui est le parti le plus avantageux.

Les greffes en losange, les boutures greffées, celles par réunion de tiges, ou même par la réunion de parties de tiges, sont décrites dans le Cours.

Greffes en fentes. La greffe en couronnes à six bourgeons se fait, lorsqu’on a intérêt de placer sur la couronne d’un sauvageon plus de cinq bourgeons ou greffes, et il est indispensable de varier un peu le procédé.

Après avoir coupé la tête de l’arbre et paré sa plaie avec la serpette, on fait autant d’incisions à l’écorce du bord de la couronne, qu’on a de greffes à placer ; elles doivent être verticales et exposées à égale distance dans toute la circonférence de la couronne ; elles doivent fendre l’épiderme et toutes les couches du liber jusqu’à l’aubier, et avoir un ou deux pouces de longueur, suivant la force des greffes. On soulève les deux lèvres de l’écorce par la partie supérieure avec la spatule du greffoir, et on introduit la greffe. Ces greffes doivent être taillées en coin, du côté de leur bois, et conserver toute leur écorce, recouvertes de l’écorce du sujet : on doit prendre soin qu’il ne reste aucun vide sous la greffe. Au reste, on fait une ligature et une poupée comme dans les autres.

La greffe en fente en couronne à l’anglaise n’est encore connue que d’un petit nombre de cultivateurs ; on la pratique pour des arbres dont le bois est très-dur. Elle mérite d’être plus répandue.

On choisit un jeune sujet dont la tige ait depuis la grosseur d’une plume jusqu’à celle du doigt ; on lui coupe la tête le plus obliquement qu’il est possible, ensuite on le fend, dans le milieu de son diamètre, d’environ six à huit lignes. On choisit, sur l’arbre que l’on veut greffer, une branche de même grosseur que le sujet ; on donne à sa coupe la même forme, mais en sens contraire ; on fend également dans le milieu de son diamètre cette greffe, mais en remontant et dans la même longueur que le sujet. On présente la greffe au sujet pour s’assurer si, étant mise en place, son bois et son écorce coïncideront exactement avec le bois et l’écorce du sauvageon. Il convient d’enlever avec le greffoir, au sujet et à la greffe, en sens contraire, une portion d’écorce en prolongation de la première plaie. Cette pratique a pour objet de donner plus de