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fort beaux et bien tenus, qui mangeoient avec avidité les feuilles et les rameaux des giroflées que l’on avoit arrachées du jardin

Lorsqu’on a le choix de la nourriture que l’on distribue aux lapins de clapier, on peut faire contracter à leur chair une qualité et une saveur qui les rapprochent des lapins de garenne. Le persil, la pimprenelle, la sauge, le thym et plusieurs autres plantes aromatiques contribuent beaucoup à leur donner du fumet ; la bruyère et le genêt ont la même propriété. Ceux, au contraire, qui ne vivent que de choux et de racines fraîches ne fournissent qu’un mets grossier et souvent de mauvais goût.

De quelque manière qu’un lapin ait été nourri, on rend sa chair plus succulente et d’un fumet plus agréable, si, après l’avoir vidé, on le remplit de serpolet, de mélilot, de feuilles de bois de Sainte-Lucie, ou d’autres plantes odorantes, avec un peu de lard ou de beurre. D’autres procédés à peu près semblables sont conseillés par des auteurs d’économie domestique, ou mis en pratique par des cuisiniers.

Dès le temps d’Olivier de Serres, la castration des lapins étoit regardée comme un moyen exquis pour les faire venir tendres et gras ; comparés au chaponner des coqs, même en les achevant de nourrir au clapier (quoiqu’au pire endroit), ils deviennent si délicats qu’ils approchent bien prèz à la saveur des levrauds. Cette science s’est découverte par certains couteliers, qui pour levrauds donnoient à manger des conils (lapins) châtrés, après leur avoir safrané les pattes, couurant ainsi leur tromperie, afin de les rendre de couleur semblable à celle des levrauds. Nous nous servirons de cette exquise subtilité, châtrant tous les mâles au clapier pour les fourrer aprèz dans la garenne, laquelle, par ce moyen, se trouuera fournie de chairs précieuses et en abondance… Il n’y a rien de plus facile que de châtrer des conils, où il n’y a autre mystère que de leur couper les testicules avec un couteau bien tranchant ; et aprèz avoir engraissé la playe avec du vieux onguent, sans la coudre, renvoyer les conils en la garenne, où, par les bénéfices de l’air et de la liberté, eux-mêmes se guérissent assez tôt. Ce châtrement n’a aucune saison propre ; car, puisque les mères font des petits durant toute l’année, il est toujours bon de les châtrer. (Théâtre d’Agriculture.) Cette opération se fait quand le jeune lapin a deux ou trois mois ; et s’il n’est pas destiné à être, aussi tôt après, lâché dans une garenne, on lui donne un peu d’avoine saupoudrée de sel et arrosée de vin.

Ce n’est pas assez pour le propriétaire d’un clapier de loger commodément ses lapins, et de leur donner les alimens les plus propres à leur faire prendre de l’embonpoint et à rendre leur chair savoureuse, il doit encore chercher à améliorer les races de ces animaux, et à préférer les plus belles. Les bornes d’un article de dictionnaire ne me permettent pas d’entrer dans de plus longs détails au sujet de l’espèce des quadrupèdes domestiques qui coûte le moins à nourrir, sur laquelle il y a le moins à perdre, et dont la multiplication intéresse l’État comme les particuliers. Je n’ai rien omis d’important, mais, si l’on désiroit des renseignemens encore plus étendus, relativement à l’entretien d’un clapier, je conseille de les puiser dans l’ouvrage de M. Luneau de Boisgermain, que j’ai cité au commencement de cet article. Ce petit livre a été dicté par l’expérience et de longs succès.

Chasse aux lapins. La plus commune, la plus amusante et en même temps la plus fructueuse de toutes les chasses que l’on fait aux lapins, est celle où l’on emploie le Furet. (Voyez ce mot.) Mais on ne doit pas s’en servir dans