Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/213

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les garennes forcées, parce que les lapins ne rentrent plus de long temps dans les terriers que le furet a visités, et que se trouvant dérangés, ils ne s’accouplent point et dépérissent. Cette chasse ne convient donc que pour prendre les lapins vraiment sauvages.

Il en est de même de la chasse au fusil, qui met le trouble dans la garenne et force ses habitans à abandonner leurs demeures souterraines ; en outre, un lapin auquel le plomb n’aura fait que des blessures sans l’arrêter sur le coup, ira mourir dans son trou et y empoisonnera tous ceux qui y gîtent avec lui. Il vaut mieux tendre des pièges ou placer des filets à l’entrée des terriers, dans lesquels on enfonce une perche pour obliger les lapins à en sortir. L’on peut aussi tenir suspendu à deux pieds de terre un grand panier d’osier sans fond et façonné en cloche, au dessus de l’endroit où les lapins ont habitude de prendre leur nourriture en hiver ; une corde attachée à ce panier et passée à une poulie, aboutit à une cabane où le chasseur est caché ; on attire les lapins au lieu de leur repas par quelque signal auquel on les a accoutumés, ou par quelque aliment de choix. Lorsqu’ils sont rassemblés, le chasseur lâche la corde, le panier tombe et en enferme plusieurs ; une petite porte pratiquée à un des côtés du panier sert à s’emparer de ceux des captifs que l’on a choisis.

Cependant si on veut se donner le plaisir de tirer les lapins au fusil, même dans une garenne, on bouche au hasard une certaine quantité de terriers ; ensuite on met en chasse un chien basset, et l’on attend sur ces terriers fermés les lapins qu’il fait partir et que l’on tire à l’aise.

Les bassets à jambes torses sont préférables à toute autre race de chiens, pour chasser les lapins qui ne font que jouer devant eux, et se laissent battre quelquefois trois quarts d’heure avant de se terrer ; ce qui donne toute facilité de les joindre et de les tirer. Mais si l’on fait cette chasse avec des chiens courans, il faut de l’habitude et beaucoup de prestesse pour tirer le lapin qui en est poursuivi ; sa course est alors si rapide, ses bonds sont si vifs, et il traverse les routes avec tant de vitesse que l’on a à peine le temps de l’ajuster.

Le chasseur ne doit pas ignorer que les lapins sortent de leurs trous une heure ou deux avant le coucher du soleil ; qu’ils y rentrent vers six heures du matin, et qu’ils en sortent encore, pour l’ordinaire, pendant environ deux heures au milieu du jour. C’est sur ces connoissances que sont fondées les chasses de l’affût et de la rentrée, que les chasseurs patiens font aux lapins comme aux lièvres. (Voy. le mot Affût.) Quand les lapins habitent en grand nombre un lieu découvert, il suffit de s’y promener doucement, même en plein jour, et de se tenir de temps en temps à l’affût sur un terrier pour les surprendre et les tuer. Cette chasse s’appelle la surprise.

Les filets dont on se sert communément pour prendre les lapins sont les panneaux ou pantaines, soit simples, soit contre-maillées. (Pour cette chasse, Voyez l’article Lièvre.) Mais les lapins se prennent plus facilement avec de petits filets nommés poches ou pochettes à lapins, et qui se ferment comme une bourse. On étend à l’entrée du terrier une de ces poches ouvertes, et l’on attache à une branche ou à un piquet la ficelle qui passe dans la boucle fixée à chaque bout. Si l’on n’a pas assez de poches pour couvrir tous les trous de lapins qui sont autour de soi, on ferme ceux qui resteront avec des pierres, des herbes ou des feuillages. Un chasseur va dans le bois avec un chien pour contraindre les lapins à fuir vers leurs retraites et se jeter dans les filets, d’où un autre chasseur, caché à portée, les re-