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ment servir ; il est seulement nécessaire d’observer que le poids du plomb soit précisément ce qu’il faut pour que la ligne gagne le fond de l’eau, et pour que l’effort le plus léger l’en détache ; par cette raison, le plomb doit être plus lourd dans les eaux courantes que dans les eaux stagnantes.

Pour les pêches dans lesquelles on fait sautiller l’hameçon à la surface de l’eau, il ne faut ni plomb ni flotte. La distance entre le liège, le plomb et l’hameçon, se règle sur la nature des poissons que l’on pêche ; pour quelques espèces, comme la carpe, l’hameçon doit traîner sur le fond ; pour d’autres, il doit être suspendu entre deux eaux. En général on le tient plus près de la surface de l’eau en été que pendant les froids.

La ligne se divise souvent en plusieurs ramifications, que l’on nomme empiles ; chacune est garnie d’hameçons. Les pêcheurs ne sont pas d’accord au sujet de la longueur à donner aux lignes : les uns veulent qu’elles soient fort longues ; d’autres ne leur donnent que la longueur de la perche ; d’autres prescrivent de faire la ligne d’environ sept à huit pouces plus courte que la perche, parce que, selon eux, on a plus de force pour enlever le poisson qui a mordu, et que l’on voit mieux si l’hameçon est toujours couvert de son appât.

La pièce principale de l’instrument de pêche qui fait le sujet de cet article, celui dont dépend en plus grande partie le succès de la pêche, est l’hameçon, hain ou ain ; c’est une espèce de crochet de fer, plus ou moins grand, dont l’extrémité qui retient l’appât est fait en dard, et l’autre se termine par un anneau ou par un aplatissement. La courbure, la grandeur et la force des hameçons, varient suivant l’idée du pêcheur, et la grandeur de l’appât et du poisson. L’objet le plus important, dans le choix de ces instrumens, c’est que leur pointe, ainsi que celle du barbillon, soient aiguës, et que l’extrémité du barbillon soit bien détachée de la tige ; il y en a qui ont double croc ; on s’en sert pour la pêche du brochet. Afin que les hameçons soient garantis de la rouille, on les couvre d’étamage.

De tous les hameçons, les plus petits servent à la pêche des ables ou ablettes ; viennent ensuite, dans l’ordre de grandeur, les hameçons pour les goujons, pour les petits gardons ou rosses ; pour ces mêmes poissons de moyenne taille ; pour les plus gros, et pour les autres poissons de même grandeur ; pour les anguilles ; enfin, pour les brochets.

La manière d’empiler l’hameçon, c’est-à-dire, de l’attacher à la ligne, varie selon la forme de la tête de l’instrument ; si elle est terminée par un anneau, comme celle des plus petits hameçons, on passe deux fois dans cet anneau le bout de la ligne ; on le couche sur le corps de l’hameçon et on l’y joint par plusieurs tours de soie cirée ; ensuite on le relève vers l’anneau, on continue les révolutions du fil de soie, et on en arrête le bout avec une aiguille un peu grosse, enfilée de soie ; on l’engage dans les révolutions que l’on a faites, et que l’on serre l’une après l’autre. Si, au contraire, la tête de l’hameçon est plate, on l’applique contre le bout de la ligne, et on l’arrête par une ligature formée de plusieurs tours de soie cirée et assurée par plusieurs nœuds. Quand on veut pêcher des brochets, l’empile qui surmonte de beaucoup la tête de l’hameçon pour se joindre à l’extrémité de la ligne, se fait avec du laiton, pour l’empêcher d’être coupée par les dents fortes et aiguës de ces animaux.

Toutes ces choses disposées, il ne reste plus au pêcheur à la ligne que d’amorcer ses hameçons ; il pique les petits insectes et les vers de terre en travers, les gros vers du fumier en long,