Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/234

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et il est superflu d’en ajouter d’autres, ainsi que quelques personnes le veulent. Des houssines droites et déliées de houx, de charme, de pommier sauvage, de néflier, d’épine noire, ou de quelque autre bois qui plie sans rompre et se redresse de lui-même, forment, après avoir été dépouillées de leur écorce et séchées avec soin, les pièces du manche, lesquelles entrent dans le bâton creux comme dans un étui ; une baguette de baleine remplace souvent celle de bois.

Il vaut beaucoup mieux acheter les lignes toutes préparées, que de passer son temps à les mal faire. L’on en trouve de plusieurs sortes chez les marchands de filets ; et le magasin de M. Clavaux, rue Coquillière, à Paris, présente le plus bel assortiment en ce genre.

Le cordon qui pend au bout de la baguette et auquel l’hameçon est attaché, doit être de soie ou de crin, mais d’une de ces matières seules, sans les mêler ensemble. Les crins de cheval se choisissent bien ronds, nets, clairs, et autant qu’il est possible, de même grosseur et grandeur ; on les met tremper dans l’eau pendant une demi-heure, ensuite ou les retord également, sans trop les serrer, pour former toute la longueur de la ligne. Il est sensible que l’on doit ajouter plusieurs cordonnets les uns au bout des autres ; c’est un petit art que l’habitude seule peut enseigner. D’ailleurs, ceux qui font des lignes pour les vendre se servent d’une machine qui abrège beaucoup le travail.

La soie vernissée est plus forte que le crin. Pour donner le vernis aux fils de la soie, on les tord bien également, on les laisse dans cette situation, jusqu’à ce que le vernis soit bien sec.

Il est d’un usage commun de faire le cordon des lignes en diminuant de grosseur depuis le bout de la perche jusqu’à l’hameçon ; cependant, dans quelques endroits, l’on veut que ce cordon soit d’égale force depuis un bout jusqu’à l’autre.

Les couleurs dont on teint ordinairement les cordons de la ligne, sont le blanc ou le gris pour pêcher dans les eaux claires, et le vert-d’eau pour pêcher dans les eaux bourbeuses. Afin de se procurer cette dernière couleur, on fait bouillir dans une pinte d’eau d’alun, une poignée de fleurs de souci ; on met dans cette liqueur écumée une demi livre de vert-de gris en poudre, que l’on fait bouillir quelque temps ; enfin, on jette les cordons de ligne dans cette liqueur, et on les y laisse tremper pendant dix ou douze heures ; ils prennent un vert-d’eau bleuâtre qui ne se déteint point.

Au bout de la baguette ou verge qui doit soutenir la ligne ou cordonnet, et à laquelle on donne quelquefois le nom de sion, est une boucle pour attacher la ligne, que l’on passe ensuite dans un tuyau de plume, appelé plumeret ; on le couvre pour l’ordinaire de soie cirée ; un autre morceau de plume, servant de coin, s’introduit dans le premier pour fixer le plumeret sur la ligne à la distance convenable de son extrémité. Au lieu de plumeret, on se sert quelquefois, sur-tout pour les grosses lignes, d’un morceau de liège que le cordonnet et un bout de plume traversent. Ce liège se nomme flotte ; on lui donne tantôt une figure conique, tantôt une forme sphérique, souvent ce n’est qu’un bouchon de bouteille ; mais, de quelque forme que soit ce liège, il ne doit avoir que la grosseur nécessaire pour soutenir la ligne sur l’eau, autrement le poisson en seroit effrayé.

On fait encore passer le cordonnet, avant de l’attacher à la perche, dans un petit morceau de plomb laminé que l’on roule autour à environ six pouces au dessus de l’hameçon, pour le faire caler ; une balle fendue ou percée peut égale-