Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/252

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végétaux crus. C’est un spectacle imposant de voir ces hommes, dont les bras velus sont rougis par le soleil, courbés des journées entières sous de lourds arrosoirs, et leurs femmes, constamment courbées vers la terre, ou même très souvent les genoux sur la terre humide, cueillir sans interruption, et par tous les temps et toutes les températures, des légumes qui seront offerts le lendemain à la multitude des oisifs de toutes les classes qui habitent les villes, et qui affectent, au milieu des frivolités de tous les genres qui occupent leur vie, un dédain inutile, à la vérité, pour l’agriculture. Mais si le robuste maraîcher et sa laborieuse épouse sont courbés sous le poids du travail ; si, jeunes encore, leur taille est déformée plus tôt que dans les autres arts, c’est un malheur attaché à cette profession, sans doute ; mais il ne lui est pas exclusif. Quel homme, quel que soit son état, peut se soustraire à en porter le fardeau ! Je vois encore, entre toutes les conditions de la vie, celle de cultivateur la plus convenable à l’exercice de toutes les fonctions du corps et des facultés de l’esprit, et nécessairement la plus heureuse.

Outre que le jardinier-maraîcher gagne «a vie honnêtement, nourrit bien et élève sa famille, laborieuse et pleine de santé, dans l’indépendance et dans les principes de fierté que donne la possession d’un état utile, dont on peut vivre sans s’engager au service public ou particulier, il coule une vie presque toujours exempte d’infirmités, et arrive à une très-longue vieillesse, en comptant plusieurs générations parmi ses descendans ; car les femmes des jardiniers et des laboureurs, plus rapprochées par état de l’ordre de la nature, conservent toute la fécondité propre à leur sexe, et accomplissent tous les temps et tous les devoirs de l’amour et de la maternité, sans craindre pour le sort de leurs enfans, puisqu’elles les destinent, comme leurs père et mère, à une vie laborieuse et à la pratique de la vertu. (Tollard, aîné.)


MARCASSIN, jeune sanglier qui n’a pas encore de défenses. Voyez au mot Sanglier. (S.)


MARRON D’INDE. J’ai communiqué quelques observations concernant l’utilité qu’on pouvoit retirer de ce fruit, à l’époque où le septième volume du Cours complet a paru ; mais depuis sa publication, les tentatives et les expériences s’étant multipliées pour appliquer le marron d’Inde aux arts et à l’économie, je crois devoir présenter ici, par forme de supplément à ce qui a déjà été inséré, article Marronnier d’Inde, le résultat de ce travail, afin qu’à l’avenir on ne reproduise plus comme une nouveauté ce qui a été dit et proposé infructueusement tant de fois, pendant à peu près un demi-siècle.

Le marronnier d’Inde a eu, comme les autres végétaux importés en Europe, ses partisans et ses détracteurs ; ce qui doit sur-tout parler en sa faveur, c’est la promptitude avec laquelle il croît dans les fonds les plus arides, la propriété de résister aux froids de nos hivers, et donner, dans le cercle de quinze ans, au terrain qui en est planté, l’aspect d’une forêt touffue.

Tous les produits de cet arbre sont, comme on sait, caractérisés par une forte amertume, ce qui avoit donné lieu de présumer qu’aucun insecte n’osoit lui faire la guerre ; cependant on remarque que les hannetons ne respectent pas non plus ses feuilles, et que plusieurs autres insectes lui font aussi la guerre. Dorthes nous a fait connoître les trois espèces de chenilles nuisibles à cet arbre, ainsi que les moyens qu’il étoit possible d’employer pour les détruire : il s’agit d’attaquer leurs chrysalides. Les lieux où on les trouve le plus abondamment, sont