Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/274

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du soleil ne pénètrent dans l’intérieur de la bergerie, lorsque la chaleur du jour est trop active. Il sera nécessaire, hors des circonstances dont nous venons de parler, de laisser les fenêtres ouvertes, non seulement afin de faciliter la circulation de l’air, mais encore afin de donner accès à la lumière. La lumière n’est pas moins utile aux animaux qu’aux plantes. On observe que l’instinct des moutons les conduit vers les portes et les fenêtres des bergeries, où ils trouvent plus d’air et de lumière ; toujours les plus forts s’emparent de ce poste, et ils en chassent les plus foibles.

Il existe enfin dans nos bergeries un usage aussi commun que pernicieux aux animaux. Dans la crainte que le froid ou les vicissitudes de l’atmosphère ne nuisent à la santé des moutons, on ne pratique aucune ouverture aux bergeries, ou l’on ferme habituellement celles qui s’y trouvent. De là, l’origine d’une foule de maladies qui ravagent nos troupeaux. Les moutons suffoqués, dans leurs étables, par l’effet d’une chaleur excessive, et par les miasmes qui s’exhalent de leur corps et de leurs excrémens, passent subitement dans un air frais et élastique, qui les saisit, arrête une transpiration forcée, et occasionne un désordre total dans l’économie animale.

On choisira, pour la construction des bergeries, un terrain sec et un peu élevé, afin que les eaux des pluies aient de l’écoulement, et que les moutons puissent rentrer les pieds secs dans leur bergerie.

§. XII. De l’accouplement. Si l’on veut conserver ses races fortes et vigoureuses, il me faut, dans aucun cas, employer les individus des deux sexes à la reproduction, avant qu’ils aient atteint l’âge de dix-huit mois. On peut même sans inconvénient différer leur réunion jusqu’à l’époque où ils seront parvenus à la troisième année de leur âge. On donnera vingt-cinq brebis à un bélier ; on peut même porter le nombre des brebis jusqu’à cinquante, pourvu qu’on ait soin de nourrir le bélier, avant et durant la monte, avec des alimens sains et substantiels.

La méthode la plus avantageuse de combiner l’accouplement des bêtes à laine, consiste à tenir le bélier dans un petit enclos ou dans une basse-cour, et de lui présenter une à une, ou deux à deux, les brebis qu’on veut faire couvrir. On retire les brebis aussitôt qu’elles ont été couvertes, sans permettre que le bélier réitère l’acte une seconde fois avec la même brebis. Cette attention doit sur-tout avoir lieu, lorsqu’on emploie de jeunes béliers. Si l’on met un ou plusieurs béliers parmi un certain nombre de brebis, ils se fatiguent inutilement, et ils se mettent hors d’état de couvrir un aussi rand nombre de femelles. En prenant la précaution et les soins que nous venons d’indiquer, on pourra, au besoin, donner cent brebis à un seul bélier.

§. XIII. De l’allaitement et du sevrage. On ne laissera qu’un seul agneau à une brebis qui aura mis bas deux jumeaux. L’un des deux sera nourri par une chèvre : cette attention est nécessaire pour maintenir la beauté des races, et pour les faire prospérer. On a observé que le lait de la chèvre est salutaire aux agneaux malades ; on agira prudemment d’avoir un certain nombre de chèvres qu’on donnera aux agneaux languissans, ainsi que cela se pratique dans quelque troupeaux, en Allemagne.

Il arrive quelquefois, dans les troupeaux, qu’un certain nombre de brebis perdent leurs agneaux, et que celles qui les ont conservés sont foibles et malades. On ôte alors les agneaux à ces dernières pour les donner à nourrir aux autres. Lorsqu’une mère refuse de prendre le nourrisson qu’on lui présente, on attache l’un et l’autre à un piquet, ou contre une muraille, aussi long-temps que la mère