Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/301

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dans ses exercices ; le chancre produit par l’incision et l’irritation faites à la membrane pituitaire s’est guéri ; et, depuis ce temps, il a habité, vécu et travaillé avec d’autres chevaux, qui n’ont éprouvé aucune affection.

Quatrième fait. Un marchand de chevaux de Paris a amené à l’École vétérinaire d’Alfort, comme le constatent les registres de Clinique de ladite École, plusieurs chevaux glandés, chancrés, et jetant un flux visqueux par les naseaux : ils sortoient de son écurie, qui étoit très-chaude, peu aérée, comme la plupart de celles des marchands de chevaux de Paris. Ayant été déposés dans les écuries consacrées aux chevaux morveux, ces animaux y ont été parfaitement guéris par le moyen des vésicatoires, des béchiques incisifs, des fumigations faites avec des plantes aromatiques et le vinaigre, secondés par une bonne nourriture, ainsi que par un exercice modéré et soutenu. Ces chevaux ne se sont plus ressentis de cette affection. Si la morve étoit contagieuse, ils n’auroient pas guéri ; au contraire, cette maladie se seroit aggravée dans des écuries infectées.

Cinquième fait. M. Chaumontel a été appelé à P…, au mois de frimaire an 11, chez M. D…, pour visiter une écurie de quatorze chevaux infectée de morve. Un premier cheval jugé incurable avoit été séquestré ; le mal ayant fait trop de progrès, ce cheval a été sacrifié. Les treize autres restant dans l’écurie étoient glandés, quelques uns chancrés ; ils jetoient un flux blanc et visqueux, les uns par une narine, les autres par les deux à la fois. Ceux qui ne jetoient que par une narine n’étoient glandés que d’un côté. Dans tous, les membranes pituitaire et conjonctive étoient infiltrées et d’une couleur jaunâtre ; cet état étoit accompagné de la tristesse, de la foiblesse et du brillant du poil. Tous les chevaux avoient été attaqués successivement, et celui qui avoit été séquestré étoit accusé, par le propriétaire, d’avoir donné la morve à tous les autres. Étant persuadé que la cause de la maladie régnante ne venoit pas de ce premier cheval, M. Chaumontel a d’abord examiné le fourrage ; il étoit de fort bonne qualité, l’eau étoit aussi très-bonne : mais il a su que ces chevaux sortoient à deux heures du matin, dans les mois de frimaire et nivose, attelés à une charrette pour voiturer des denrées à Paris ; qu’ils sortoient d’une écurie très-chaude qui n’avoit d’air extérieur que celui entrant par deux portes ; le sol de cette écurie étoit au dessous du sol extérieur, et les portes étoient au nord.

N’ayant trouvé d’autres causes que l’insalubrité de l’écurie, qui étoit humide, froide et chaude alternativement, qui pourrissoit tous les harnois, qui occasionnoit de fréquens catarrhes aux valets d’écurie couchés dedans, il a conclu que la transpiration, qui étoit abondante dans ce local, se trouvoit interceptée lors de la sortie des chevaux, pendant un temps très-froid, et durant le long intervalle nécessaire au chargement des voitures et aux préparatifs du départ.

Il a fait exécuter à l’écurie, et sous ses yeux, de larges ouvertures du côté du midi ; on a fait deux portes coupées dont on tenoit toujours le haut ouvert ; le sol a été exhaussé, et l’écurie assainie complètement par des courans d’air.

Il a rasé le poil de la ganache, et appliqué l’onguent vésicatoire sur les glandes engorgées ; on a fait macérer des baies de genièvre dans le vinaigre, et l’on en a fait des fumigations. On a exécuté le pansement de la main deux fois par jour ; les chevaux ont été mis à la charrue, à la herse, et à la nourriture