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du passage d’un vol pour lâcher ces prisonniers. Ils se rejoignent à la bande, et bientôt engluent tous ceux qu’ils approchent. Ainsi embarrassés les uns dans les autres, et ne pouvant plus se soutenir avec leurs ailes, ils tombent à terre, où le chasseur s’en empare.

À l’époque de leur passage, on leur tend les nappes ou filets d’alouettes. On fait aussi cette chasse pour les jeunes, depuis la Saint-Jean jusqu’à la mi-août ; il faut être muni, dans les deux cas, d’appelants qu’on laisse manquer de nourriture pour les rendre plus criards. Les endroits propices pour tendre ces filets sont les prés humides, les environs des mares ou abreuvoirs, et dans le voisinage de quelques buissons ou des terres ensemencées. Le moment d’un temps sec, joint à ces autres circonstances, assure le succès de cette chasse. (S.)


EXCRÉMENS HUMAINS. De toutes les substances employées à féconder la terre, il n’en est aucune, si l’on en excepte la colombine, qui soit douée d’une force et d’une activité comparables à celle des matières fécales. C’est un engrais qu’on trouve facilement dans tous les lieux, quel que soit le genre d’exploitation ou de culture auquel on se livre ; tandis que, pour obtenir celui qui provient des animaux, il est nécessaire d’élever un nombre quelconque de bestiaux, ou de se procurer, à prix d’argent, l’engrais nécessaire pour féconder la terre. Les matières fécales offrent donc aux jardiniers, et aux propriétaires ou fermiers qui cultivent un terrain trop peu étendu pour fournir à l’entretien des bestiaux, un moyen assuré de pourvoir à la fertilité du sol, et d’augmenter ses produits ; et, dans tous les cas, elles accroîtront considérablement la masse des engrais.

Les engrais, comme agens de la végétation, peuvent être considérés sous deux rapports principaux ; ou bien ils apportent avec eux des principes dont les plantes s’emparent, qu’elles élaborent, et qui deviennent ainsi parties constituantes des végétaux ; ou bien ils agissent par un effet de mouvement et de fermentation.

Ce dernier effet est dû à la propriété qu’ont les engrais de s’échauffer, et d’entrer en fermentation ; et il est plus ou moins actif, en raison de ce que les engrais sont doués de cette propriété à un degré plus ou moins grand. Il n’en existe sans doute aucun où elle se manifeste avec plus de force que dans les excrémens humains ; ces matières, après avoir été exposées long-temps aux influences de l’atmosphère, et avoir par conséquent perdu une grande partie de leurs principes de fermentation, produisent cependant jusqu’à cent degrés de chaleur, ainsi qu’il a été constaté par les expériences de la Société de Médecine de Paris.

Si l’on considère ces mêmes substances sous le rapport des principes nutritifs qu’elles fournissent aux plantes, on doit leur donner le premier rang comme engrais. On sait que le fumier produit d’autant plus d’effet sur les terres, que les animaux dont il provient ont été nourris plus abondamment et avec des alimens plus substantiels ; c’est pour cette raison que les chevaux qui mangent des grains donnent un fumier plus actif que ceux nourris uniquement avec de la paille ou du foin. L’effet puissant des excrémens de pigeons et autres oiseaux provient de ce que ces volatiles vivent de semences ou d’insectes[1] ;

  1. Les meilleurs agronomes regardent la colombine, ainsi que la fiente de la majeure partie des oiseaux, comme un engrais excellent. Leur efficacité n’est pas surprenante, lorsqu’on considère la quantité de substance nutritive qu’ils contiennent. Varron, Liv. I, Chap. 28, dit que les excrémens des grives et des merles ne sont pas seulement utiles comme engrais, mais qu’ils