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qu’il ne fournit pas les vrais sucs nourriciers propres à l’animal. Les gonflemens, les cardialgies, déterminent l’afflux du sang à la tête, à l’époque sur-tout où il y est déjà attiré, quand la dentition est dans toute force.

L’orgasme, ou la fièvre locale, causés par l’écartement des alvéoles, par la chute des dents de lait, par la profusion de celles d’adulte, suscitent jusque dans le cerveau un trouble singulier auquel le tempérament très-irritable du chien, sa grande susceptibilité nerveuse, donnent les caractères que nous avons développés.

Le chien aime la viande moins encore que les os ; il les ronge avec plaisir, les casse, et en avale de grosses portions, qui sont digérées, dissoutes dans l’estomac. Ce viscère a une force considérable dans cet animal : il a beaucoup plus que dans les herbivores, et même plus que dans le cochon, la faculté de se rapprocher sur lui-même ; cette force contractile est telle, qu’il ne reste presque point de vide dans son intérieur. Le chien peut ne manger qu’une fois en vingt-quatre heures ; aussi ce repas doit-il être composé, en grande partie, de viande et sur-tout d’os.

On peut encore remarquer que le chien ne mâche pas la viande ; elle ne reçoit qu’un coup de dent, et elle n’est point imprégnée de sucs salivaires. La mastication des os étant longue, il s’élabore de la salive en quantité suffisante pour favoriser une digestion complète ; et les sucs que fournit cet aliment sont plus nourrissans et sur-tout plus analogues à l’organisation du chien.

Les chiens qui vivent sans contrainte, ou ceux qui ont assez de liberté pour ramasser des os qui suppléent à la nourriture végétale, nous ont paru exempts de la maladie.

Caractères de cette maladie. On voit par ce qui précède, qu’elle présente plusieurs aspects, et qu’on peut y distinguer sommairement :

1°. Une fluxion sur le cerveau, sur ses membranes, sur le principe des nerfs, sur les nerfs eux-mêmes, sur la membrane pituitaire, sur le globe de l’œil et sur l’organe de l’ouïe.

2°. Une espèce d’ozène aigu qui paroît dépendre d’une affection générale.

3°. Des convulsions permanentes qui constituent la danse de St-Wit, ou St-Gui.

4°. Des convulsions passagères dans les mâchoires et dans tout le corps, avec tous les signes qui caractérisent une épilepsie dont les accès sont très-fréquens.

5°. Une paralysie de l’un des membres postérieurs, ou des reins, de la croupe et de ces deux membres.

Moyens préservatifs. Il faudroit faire élever moins de chiens par la même mère. Dans l’état sauvage, la fécondité du chien est moindre, parce que la nature n’est point modifiée par toutes les influences de la domesticité ; trop de chiens à allaiter épuisent la chienne nourrice ; et il en résulte aussi une disette pour chaque nourrisson ; et de là une cause prédisposante que nous indiquons, avec le moyen de la faire disparoître. Il y a trop de chiens dès que la mère souffre et commence à s’épuiser ; et il faut se hâter de prévenir les atteintes que la privation peut porter à l’organisation des jeunes animaux.

La nourriture de la mère doit être composée de chair et d’os donnés à satiété.

On pourroit donner du lait de vache aux jeunes chiens qu’on voudroit élever artificiellement ; et, quand leur développement seroit un peu avancé, on leur présenteroit de la viande hachée et des os pilés, pour exercer leur mastication, et ajouter à leur subsistance.

On ne doit les sevrer que lorsqu’ils peuvent manger suffisamment pour se nourrir et pour profiter. Il faut aussi que