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aussi dans la gueule ; on les fera pénétrer le plus profondément qu’il sera possible.

On fera prendre matin et soir un breuvage composé de la décoction de graine de lin, sur un verre ou quatre onces de laquelle on ajoutera eau de mélisse simple, et eau de fleur d’orange de chaque une once, et sel de nitre un demi-gros ; une partie de ce breuvage sera administrée le matin, et l’autre le soir ; chaque dose sera divisée en deux prises, et l’on mettra dans la première un demi gros d’huile empyreumatique grasse, bien pure, qui aura été délayée avant le mélange dans autant d’éther sulfurique.

Cette dose est prescrite pour les grands chiens ; elle sera diminuée pour les moyens et pour les petits, le tout proportionnellement à leur vigueur et à leur délicatesse.

Les mêmes substances, composées ainsi qu’il vient d’être prescrit, seront données en lavemens, l’un le matin, et l’autre le soir.

On lavera souvent avec une éponge légèrement humectée d’eau chaude les yeux et les naseaux de l’animal. Les yeux étant nettoyés et séchés, prenez baume de Fioraventi une once, éther sulfurique deux gros, renfermez dans un flacon bien bouché ; humectez de ce collyre les paupières, ainsi que les tempes, le front, le dessus de la tête. Ce moyen doit être employé trois à quatre fois par jour.

Il faut encore brosser l’épine de l’animal, et la frotter ensuite avec l’eau spiritueuse de lavande, matin et soir ; une attention essentielle est de frictionner long-temps, et d’employer peu de cette liqueur.

Si l’on apperçoit une tumeur sous le frein de la langue, il faut l’ouvrir sur le-champ avec la lancette ; le fluide qui s’en échappe est celui d’un vers de la nature des ténias hydatigènes ; puis on fait usage des gargarismes prescrits. Par l’effet de ces moyens, la plus grande partie des malades ne tardent pas à donner des signes de rétablissement : la température du corps se régularise, la peau devient souple, les urines coulent librement et avec les efforts que l’animal a coutume de faire pour opérer cette évacuation ; le flux, la toux se calment, les yeux se rétablissent, et le besoin de manger se manifeste avec plus ou moins d’activité.

Mais il importe d’être très-réservé sur la quantité et la qualité des alimens ; on doit lui donner de la viande, mais peu à la fois, et sur-tout de celle qui adhère fortement aux gros os, pour qu’il ne puisse en déchirer et en avaler que peu à peu.

Deuxième temps de la maladie. Les secours, ici, sont d’autant plus pressans, que le mal a fait plus de progrès ; il faut se hâter d’ajouter aux breuvages et aux lavemens prescrits, un demi-gros d’huile empyreumatique distillée. Il faut de plus appliquer fortement les vésicatoires de chaque côté de la poitrine, et les faire suppurer le plus long-temps et le plus fortement qu’il sera possible ; mais on doit être prévenu qu’ils prennent lentement et difficilement ; que ce n’est guères que du quatrième au sixième jour de leur application qu’ils excitent une espèce de suppuration ; c’est pour cela qu’on ne sauroit même les appliquer trop tôt ; enfin, lorsqu’ils ne prennent pas, c’est un signe qui doit faire perdre l’espérance.

Il faut réitérer souvent les frictions sur les reins, et les lavemens prescrits, pour défendre ces parties de la paralysie qui les menace.

Les convulsions et l’atrophie d’un membre réclament les frictions sur cette partie ; et si leur effet n’est pas suffisant, il faut, par un moyen quelconque, faire tenir de temps en temps le membre sain