Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/325

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perfections : elles sont éparses, tâchons de les réunir pour produire le beau, le bon, le parfait, dont nous possédons déjà plusieurs germes.

Il faut rappeler à leur état de pureté celles de nos races que les étrangers recherchent ; il faut les améliorer toutes, unir dans chaque race les individus des deux sexes qui approchent le plus de la pureté ; leurs productions, en se multipliant, se rapprocheront de plus en plus du véritable type. Après avoir perfectionné nos races, en réglant bien les alliances, en combinant, dans l’association des sexes, les qualités et figures qui donnent de bons résultats, on multipliera les individus en proportion de nos besoins, et on les perfectionnera en leur donnant un régime et des soins qui favorisent leur développement et qui ajoutent à leurs qualités, loin de les altérer.


§. II. Le sol français peut-il nourrir un plus grand nombre d’élèves ? On n’élève des poulains en nombre que dans les pays de pâtures, et il faut convenir que les lieux dont le fonds est assez excellent pour produire presque sans culture, ne permettent guères d’espérer qu’on les fasse produire davantage ; mais dans beaucoup d’autres endroits, de pâtures en partie, on néglige les prairies artificielles ; il faudroit les y multiplier.

Un autre inconvénient, c’est qu’on nourrit des poulains et des pouliches jusqu’à quatre ans dans les lieux où l’herbe abonde ; tandis que ces animaux seroient élevés d’une manière beaucoup plus avantageuse pour la formation de leur tempérament, pour leur vigueur, leur énergie, dans des pâturages moins humides, dans les pays de culture, où ils mangeroient des pailles, des grains et des foins, et où ils seroient employés à de légers travaux qui ne seroient que favorables à leur constitution. Les pays de pâtures, débarrassés ainsi de ces bouches nuisibles, resteroient libres pour les poulinières et les poulains jusqu’à l’âge d’un an ou deux ; méthode qui permettroit d’y entretenir plus de poulinières et plus de poulains.

Les améliorations dans l’agriculture, qui ont été précédemment démontré devoir résulter de la multiplication du cheval, deviendroient à leur tour des causes qui donneroient la facilité de perfectionner et de multiplier les chevaux ; mais il faut cependant que ceux-là seuls qui ont l’occasion d’améliorer et de multiplier, fassent des entreprises de ce genre. Ce soin doit être sur-tout abandonné à ceux qui ont suffisamment de pâturages. Les consommateurs qui, sans avoir la commodité de la nourriture, voudroient élever des chevaux, ne pourroient le faire ni aussi bien, ni avec la même économie. C’est ce qui a fait regarder à quelques personnes ces entreprises comme ruineuses.


CHAPITRE III.

Moyens généraux. Ces moyens consistent à relever le goût pour les chevaux de selle, et à encourager les manèges.

S. Ier. Il faut relever le goût pour les chevaux de selle. Le goût pour les voitures a beaucoup diminué celui qu’on avoit pour les chevaux de selle.

C’est aux Français qu’est due l’invention des carrosses ; il n’en existoit que deux sous François Ier. Les conseillers de la cour et les présidens alloient au palais sur des mules, même encore au commencement du dix-septième siècle. En 1758, il n’y avoit, dit-on, à Paris que trois cents chaises et carrosses ; en 1788 on y en comptoit quatorze mille. §i dans toutes nos grandes villes, les courses, les visi-