Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/326

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tes se font en carrosse, et généralement on ne voyage qu’en voiture. Le nombre ne s’en est ainsi accru que parce qu’en même temps on a ouvert des routes nouvelles et qu’on les a toutes rendues commodes ; le commerce y a gagné de la célérité, de l’agrément ; les mœurs ont pris une tendance à l’uniformité, la France est devenue de plus en plus civilisée. Mais la voiture marche simplement par la force des chevaux et par l’attention du cocher, Il n’y a, dans les personnes traînées, que à la masse et du volume ; point de graces particulières, point de talent difficile à montrer pour occuper le siège d’un carrosse ; l’homme traîné voit moins les chevaux, il ne compâtit pas à leur peine, il ne sent point leurs difficultés, il ne les apprécie pas autant, et il ne leur accorde qu’une très-légère affection.

Le cavalier, au contraire, prend plaisir à diriger sa monture, il sent à chaque pas qu’elle obéit à ses volontés sans intermédiaire ; il met son corps en harmonie avec le sien, et tous deux semblent être d’intelligence. L’écuyer aime les beaux chevaux, et le prix qu’il y met encourage l’industrie et l’agriculture. Ce goût se communique, et le besoin plus étendu de beaux chevaux en fait naître en abondance, si ce n’est avec de brillantes qualités, au moins avec une perfection suffisante qui les rend excellens pour les affaires, pour la guerre, et un mot, pour toutes les espèces de services.

§. II. Utilité d’encourager les manèges. Beaucoup de nos jeunes Français, dans les grandes villes, ont des montures et un trop petit nombre en tire parti avec avantage ; quelques-uns même, pour déguiser leur maladresse, on adopté le soubresaut, trop facile et trop peu naturel des Anglais.

Il faut établir des manèges et encourager ceux qui existent. L’intelligence de nos jeunes gens, leur âge susceptible de souplesse, font espérer qu’ils profiteront de ces établissemens pour acquérir, à cheval, un maintien sûr et gracieux.

Du moins la génération qui s’élève pourra-t-elle s’y former plus tôt, et ces exercices disposeront nos jeunes citoyens à devenir officiers, et à commander avec plus de distinction dans nos corps de troupes à cheval.

« Ne parlons point, dit M. Bourgelat[1], de ces exercices, de ces défis, de ces ballets jadis en vigueur dans nos manèges. Rappelons-nous la splendeur de ces fêtes où le monarque, supérieur par un air majestueux et imposant, et par son adresse, se livroit aux plaisirs de son âge, sans leur immoler le plus léger de ses devoirs, et se montroit lui-même dans un carrousel à la tête d’un quadrille. Représentons-nous-le, d’une part, remportant quatre fois le prix des jeux, et les abandonnant aux autres chevaliers qui se les disputoient de nouveau ; et de l’autre, le vainqueur recevant des mains de la reine la récompense de sa victoire. Croira-t-on que de tels spectacles, dans lesquels Louis XIV déployoit toute sa grandeur et sa magnificence, n’étoient pas capables d’élever l’esprit de la nation ? et que les fêtes, les courses de tête et les courses de bagues, images toujours nobles et instructives de la guerre, n’étoient pas plus propres à faire juger de la vigueur, de la force, de la souplesse des chevaux et du mérite du cavalier, que des courses à toutes brides, destituées de tout ensemble et exécutées sous de simples piqueurs, dont l’infidélité peut encore être nuisible à ceux mêmes qui les gagent et les emploient ? »

§. III. Influence des courses de che-

  1. Physique des haras.