Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/336

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cation feroient le double de progrès, parce que les étalons abandonnés en propriété, et qu’on auroit achetés jeunes n’auroient pas dix ans, et qu’ils seroient encore capables de service.

Conclusion. Multiplier et perfectionner nos chevaux, voilà les deux points qui doivent occuper l’attention. L’administration des haras nationaux et la légion d’honneur, auroient surtout le soin du perfectionnement. Cependant quelques propriétaires deviendroient en cela leurs rivaux, mais le plus grand nombre se borneroit à la multiplication.

Le système proposé est un plan d’encouragement par des exemples ; il n’y auroit nulle prohibition, nulle gêne ; on y respecte le goût, le zèle des particuliers ; on y provoque même leur concurrence avec l’administration publique et avec la légion d’honneur : il ne pourroit y avoir ni vexations, ni plaintes.

Dans vingt ans, les avantages de ce système seroient en train de se consolider, tant sous le rapport des haras que sous celui de l’agriculture.

L’ordre, la méthode, la sagacité, le zèle, doivent être les sources de la prospérité des établissemens projetés. C’est par des faits répétés, multipliés, plutôt que par des livres, qu’il faut porter l’instruction dans la classe de nos cultivateurs. Ils lisent peu, tandis que les exemples donnés par l’administration des haras et par la légion d’honneur ne manqueroient pas de les frapper.

On voit que les chevaux, en raison de leurs qualités et de leur nombre, donnent lieu à des considérations importantes par rapport à l’agriculture, au commerce et à la puissance de l’État.

Depuis quelques années, plusieurs personnes de mérite[1] ont présenté leurs vues sur les moyens de multiplier et d’améliorer les chevaux en France.

Il y a déjà quelque temps, le général Mathieu Dumas, conseiller d’état, nous a demandé nos idées sur cet intéressant objet : nous les lui avons soumises et nous les avons améliorées d’après ses conseils. Le général Lacuée, conseiller d’état, le général Kellermann, sénateur, maréchal d’Empire ; le général Duprat, le sénateur Lacépède, grand-chancelier de la légion d’honneur, nous ont aussi encouragés dans notre travail. Nous l’avons resserré dans un cadre plus étroit, pour le publier aujourd’hui, pour l’offrir à la pensée du gouvernement et à sa sollicitude.

Le moment est venu, sans doute, où il portera ses regards sur cette partie.

Le projet qu’il adoptera pourroit être mis en activité par portion chaque année. Ces opérations se faisant ainsi successivement, il n’y auroit ni embarras, ni dépenses considérables à faire subitement. D’un autre côté cependant, les livrets timbrés et l’augmentation des recettes aux douanes, fourniroient à peu près suffisamment pour le début et pour l’entretien de chaque année. L’ensemble se trouveroit résulter des parties coordonnées peu à peu. Enfin, nous avons pensé qu’il est digne du grand homme, l’honneur de la nation par ses armes et par la sagesse de son gouvernement, d’embrasser aussi dans ses bienfaits les haras et l’agriculture. C’est encore un monument à ajouter à sa gloire.

(Chabert, Chaumontel, et Fromage.)
  1. Voyez les Ouvrages du général Collot, Paris, Pougens, an 10 ; de M. Huzard, membre de l’Institut, an 10 ; de M. Maleden, ancien officier de cavalerie, Paris, Bossange, an 12 ; M. Lafresnaye sur les haras du Pin, Paris, Batilliot le jeune, an 11 ; du feu baron de Bohan, colonel de dragons, publié par M. Delalande, Paris, Courcier, an 13.