Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/360

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Il est rare que ce moyen ne réussisse pas. J’en citerai encore un exemple : dans une année où les mulots ravageoient tous les jardins potagers, j’ai vu une mère de famille intéresser ses enfans à les détruire par le moyen des quatre de chiffre ; elle leur donnoit deux liards par douzaine de mulots qu’on lui apportoit ; cette modique récompensa lui procura la satisfaction de maintenir son jardin dans le meilleur état, tandis que ses voisins n’avoient rien conservé dans le leur.

Quoique les œufs ne soient qu’un accessoire à la masse des productions d’une grande ferme sagement administrée, je ne saurois assez inviter ceux qui se trouveroient dans le cas précité, de mieux soigner qu’ils ne le font le poulailler, s’ils veulent attacher les volailles à leur demeure et les déterminer à venir y pondre, d’intéresser par une récompense quelconque à la recherche et à la collecte des œufs hors du poulailler ; car, ce qui s’en perd journellement, suffiroit, au delà, pour la table du maître et des gens de la ferme.

Cette précaution de lever les œufs pondus çà et là dans la cour et dans les champs auroit peut-être un autre avantage, celui de faire perdre à certaines poules vagabondes leur disposition à pondre à l’aventure, si les poules trouvoient leur compte à faire leurs œufs hors du poulailler ; mais pendant la nuit, les animaux de proie qui découvrent la touffe ou le buisson dépositaire des œufs, les mangent, ce qui détermine les femelles qui voient leurs nids vides à continuer de pondre, et les expose à s’épuiser, par la raison qu’ils n’en trouvent jamais suffisamment pour couver.

Ce seroit donc rendre un service essentiel aux habitans des villes et des campagnes, d’éveiller l’attention sur le produit en œufs qu’on peut obtenir en soignant mieux les poules, et d’indiquer les procédés à suivre pour doubler leur produit si nécessaire au ménage, et dont on n’est jamais embarrassé, puisque le superflu de la consommation serviroit à défrayer d’une foule d’articles minutieux qu’il faut acheter au comptant, et qui, souvent répétés, forment à la fin de l’année une somme assez considérable pour mériter d’entrer en ligne de compte dans les dépenses ; mais je reviens à l’objet de ce Mémoire, en rappelant une observation générale.

Les coqs, dans les basses-cours, ne servent donc absolument qu’à féconder les œufs, c’est-à-dire, à les rendre propres a l’incubation : leur absence est donc un moyen non seulement de doubler, pour ainsi dire, la ponte, mais encore de rendre la conservation des œufs plus facile et moins embarrassante, ainsi que nous l’avons fait voir précédemment.

La ponte, la couvaison méthodique, soignées et traitées à part, peuvent donc offrir aux cultivateurs deux branches différentes d’industrie. Celui qui spéculeroit sur la première, chercheroit à ne monter la basse-cour que des espèces de poules qui fourniroient une plus grande quantité d’œufs, et sans le concours des coqs ; il en régleroit constamment le nombre sur l’étendue et la nature de son exploitation ; il ne leur administreroit les alimens que dans la forme la plus propre à accélérer la ponte, à la maintenir, et à la prolonger sans interruption jusqu’aux froids.

L’autre, qui spéculeroit sur l’éducation des poulets, agiroit dans un sens contraire, puisque son propre intérêt seroit de ne recueillir que des œufs les plus gros, fournis par des poules qui vivroient avec des coqs très-vigoureux. Tous deux acquerroient plus de connoissances théoriques et pratiques sur l’objet auquel chacun se livreroit exclusivement ; et cette partie de l’économie rurale et domestique, éclairée et perfectionnée, deviendroit plus profitable aux cultivateurs, et plus avantageuse aux consommateurs de tous les ordres.

(Parm.)


OIES. (Engrais des) Il en est de l’oie comme de tous les animaux qu’on fait passer à la graisse ; il faut saisir l’instant où elle est parvenue à l’obésité complète, vu qu’elle maigriroit bientôt, et finiroit par périr si on ne la tuoit.

On a calculé qu’il falloit environ quarante à cinquante livres de maïs, dans les cantons où l’on a abondamment de ce grain ; ailleurs il est remplacé par l’orge. Il faut environ trois semaines pour amener cet oiseau au maximum d’embonpoint qu’il peut atteindre.

C’est sur-tout dans le Haut-Languedoc que l’oie est d’une belle venue et aussi grande que le cygne ; sa marque distinctive est d’avoir sous le ventre une masse de graisse qui touche à terre au moment où cet oiseau marche. À la vérité, cette graisse n’est bien sensible qu’au mois d’octobre ; elle augmente à mesure que l’oie prend de l’embonpoint ;