Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/380

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Malgré que les outardes courent avec une extrême rapidité, on peut les forcer, si on les surprend, avec un lévrier par un temps de fort brouillard qui mouille leurs ailes, et les empêche de s’en servir. Dans les grands froids, les outardes se rassemblent en bandes plus nombreuses, et se réunissent quarante ou cinquante, et plus ; il est alors plus aisé de suivre leurs allures et de les attaquer. Si le froid est rude, il s’attache souvent du verglas, de la neige ou des glaçons aux ailes de ces oiseaux qui, ne pouvant plus prendre leur essor, se laissent prendre à la main ou à l’aide des chiens ; c’est de cette manière que l’on prend, en Crimée, beaucoup d’outardes, que l’on transporte vivantes dans les marchés. (S.)


OUTARDE (petite) ou CANE PETIERE, (Osti tetrax Lin.) Elle est moins grosse et moins commune que la grande espèce : elle a le dessus de la tête et le bas du cou noir, un double demi-collier blanc, des zigzags noirs, fauves, blancs et roussâtres sur le corps, du blanc en dessous ; les ailes blanches et noires ; la queue fauve dans son milieu, et blanche de chaque côté, avec des bandes noirâtres. Le double collier manque à la femelle ; les taches du dessus de son corps sont plus grandes que celles du mâle, et le blanc de sa poitrine est lavé de roux.

La ponte de la petite outarde se compose de trois ou quatre œufs d’un vert luisant, au lieu que les femelles de la grande espèce ne font que deux œufs d’un brun olivâtre pâle, marqués de petites taches plus foncées.

Non moins rusée que la grande outarde, la petite donne encore plus de peine au chasseur, que l’excellence de sa chair, plus estimée que celle de la précédente, arme contr’elle. Cet oiseau se plaît dans les prés, les sainfoins, les luzernes, les orges et les avoines ; il ne s’arrête point dans les blés et seigles ; il est très-commun dans la Beauce et le Berri. Au contraire de la grande outarde, il arrive en France en avril, et repart en automne, ce qui indique qu’il aime les pays chauds. En effet, on voit dans l’histoire naturelle des oiseaux de la Sardaigne, que la cane petière y est sédentaire. On la chasse avec les mêmes ruses que la grande outarde. Voyez l’article ci-dessus. (S.)