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FAINE, (Huile de) ou Graine du hêtre, (Fagus sylvatica Lin.) Addition à l’article Hêtre. La faîne, connue dans la majeure partie de l’Europe, et répandue dans toute la France, est renfermée dans une enveloppe d’où elle s’échappe d’elle-même. Elle est, comme on sait, revêtue extérieurement d’une écorce dure et tenace, et l’amande est immédiatement revêtue d’une pellicule mince qui adhère à sa surface. Dans l’intervalle de la face interne de l’enveloppe extérieure, à la face externe de la pellicule de l’amande, la cellule est tapissée par un duvet fin et épais, qui se manifeste au moment de la maturité du fruit.

L’amande de la faîne, comme toutes les noix, contient dans sa substance parenchymateuse une huile et un mucilage unis ensemble. On en sépare l’huile au moyen de l’eau chaude, qui s’empare du mucilage, ou bien par la pression et en laissant séparer l’huile d’elle-même. L’eau s’empare aussi d’un principe sapide qui y existe, donne de la saveur à l’huile, qui, sans cela, seroit fade.

La faîne ne contient une grande quantité d’huile que lorsqu’elle est à maturité, et ne la donne qu’après être desséchée. Pour parvenir ce but, il faut avoir soin de la conserver dans des endroits secs et exposés aux vents du nord. L’époque pour en extraire l’huile avantageusement, est depuis la fin de novembre jusqu’au mois de mars.

Récolte, On ramasse la faîne quand elle tombe spontanément, et il faut choisir un temps sec. On peut cependant en accélérer la chute, en imprimant des secousses à l’arbre ; mais il faut éviter le gaulage, qui est toujours préjudiciable aux bourgeons et aux jeunes pousses.

Les différens procédés pour ramasser les faînes, sont la cueillette à la main, les râteaux et les balais ; mais, quel que soit le moyen dont on se servira, il faut les purger des brindilles et des feuilles qui se trouvent mêlées avec elles. On évitera aussi de les accumuler, avant de les avoir bien fait sécher à l’ombre, car étant humides et entassées, elles ne tarderoient pas à fermenter et altéreroient ainsi la qualité de l’huile.

Préparation. Pour préparer la faîne, afin d’avoir une huile de bonne qualité, on doit séparer ce qui auroit resté de corps étrangers, en la vannant, ou plutôt en se servant du crible à vent, qui peut-être tenu à bras, ou adapté à un moulin à farine.

Pour obtenir une huile superfine, il faut trier les plus belles faînes, et le temps qu’on y emploie est bien récompensé par les résultats avantageux qu’on obtient.

Mais je condamne absolument le procédé qu’on a conseillé, de jeter les graines dans l’eau, afin de les isoler des corps légers qui resteroient à la surface. Joint à ce qu’il y a des corps étrangers plus pesans que la faîne, tels que des cailloux, qui se précipiteroient, l’humidité que contracte la graine, la difficulté de l’écorçage augmentée, doivent faire abandonner ce moyen comme vicieux.

Emploi des graines entières. On extrait ordinairement l’huile de la faîne, sans la dépouiller de son enveloppe. Mais il y a diminution de produit, 1o. par une perte d’huile qui est absorbée par le duvet et l’écorce, et qu’on évalue à un septième ;